La série noire continue : le chômage a connu en juin un huitième mois consécutif de hausse, atteignant un nouveau record de 3,398 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole.
Pôle emploi a accueilli le mois dernier 9.400 inscrits supplémentaires en catégorie A (sans aucune activité), a annoncé vendredi le ministère du Travail. Avec l'outre-mer, le nombre de chômeurs était en juin de 3,66 millions. La hausse est plus forte en incluant les chômeurs ayant exercé une petite activité (+23.000, +0,5%), pour un plus haut niveau historique de 5,04 millions (5,34 avec l'outre-mer).
"Les efforts que le gouvernement déploie depuis deux ans ont permis de contenir la progression", estime le ministère dans un communiqué, en faisant remarquer que la hausse mensuelle moyenne du chômage au deuxième trimestre 2014 (+16.300) est inférieure à celles des deuxièmes trimestres 2013 (+17.200) et 2012 (+18.700).
La hausse s'est en revanche accélérée par rapport au premier trimestre 2014 (+14.000).
"On n'observe aucune inflexion, comme on pouvait s'y attendre", analyse Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE: "Les entreprises restent pessimistes, elle sont dans l'optique qu'il n'y aura pas de retournement de conjoncture et qu'il faut une gestion extrêmement prudente des effectifs."
En juin, la situation des jeunes s'est améliorée légèrement (-0,3%) tandis que celle des seniors s'est détériorée (+0,9%), confirmant des tendances observées au fil des mois. Sur un an, le chômage des moins de 25 ans a décru de 3,1% alors que celui des 50 ans et plus a bondi de 11,5%.
Face à cette explosion, le président François Hollande a confirmé début juillet les grandes lignes d'un "plan seniors" prévoyant de doubler les aides du contrat de génération pour l'embauche d'un senior et de renforcer leur suivi par Pôle emploi.
Le ministre du Travail François Rebsamen "espère" une "stabilisation" du chômage des plus de 50 ans d'ici à la fin de l'année.
Autre point noir, le chômage de longue durée. Activité réduite comprise, le nombre d'inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an enregistre une nouvelle hausse de 0,4% sur un mois (+9,8% sur un an). Érigé en "cause nationale" par M. Hollande, le chômage de longue durée fera l'objet d'une négociation interprofessionnelle à la rentrée.
-Le Pacte, 'une nouvelle impulsion'-
Mais le gouvernement mise avant tout sur le pacte de responsabilité, dont les premières mesures ont été adoptées cette semaine, pour enrayer la hausse du chômage.
Le Parlement a définitivement adopté mercredi les budgets rectificatifs de l’État et de la sécurité sociale, qui inscrivent dans la loi les premières baisses de cotisations promises aux employeurs et les coupes budgétaires devant les financer.
Le pacte de responsabilité, qui doit "donner une nouvelle impulsion" selon le président, prévoit 40 milliards d'euros d'allègement du coût du travail en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l'emploi, la formation et l'investissement.
Pour l'heure, seulement une trentaine de branches (sur plusieurs centaines) ont commencé à discuter et un seul accord a été signé, dans l'industrie chimique.
"Pour l'instant, la politique gouvernementale ne mord pas parce qu'elle est mise en place de manière très progressive et confuse, et les entreprises ne voient pas venir les 40 milliards", estime Henri Sterdyniak.
"Il y a urgence !" s'est alarmé vendredi soir Luc Chatel, secrétaire général de l'UMP, pour qui "le courage des réformes doit, désormais, remplacer la facilité des effets d'annonces".
Le Front national a pour sa part estimé que les chiffres de juin illustraient "l'incapacité alarmante du gouvernement à remettre l'économie française sur les voies de la croissance", qualifiant le pacte de responsabilité d'"escroquerie phénoménale".
Philippe Vigier, chef des députés UDI, a assuré quant à lui que "la série de +mesurettes+ annoncées" par le gouvernement "ne constituera pas le sursaut économique et social indispensable pour le redressement de notre pays".
"Arrêtez le massacre", a de son côté réagi la CGT, dénonçant des "politiques gouvernementales et patronales qui nous mènent dans le mur".
Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, Pôle emploi a recensé 474.000 chômeurs sans activité supplémentaires. Le président a estimé début mai qu'il n'aurait pas la crédibilité nécessaire pour briguer un second mandat si le chômage ne baissait pas avant 2017.