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Alexis Tsipras rencontre Vladimir Poutine à Moscou

Publié le 08/04/2015 06:53
Mis à jour le 08/04/2015 07:30
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras à Athènes le 25 mars 2015 (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras à Athènes le 25 mars 2015 (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras est l'hôte de Vladimir Poutine mercredi dans le cadre d'une visite de deux jours à Moscou en pleine négociation avec les créanciers du pays, l'UE et le FMI, et au grand dam de ses partenaires européens.

M. Tsipras, taxé par certains analystes de cheval de Troie de la Russie en Europe en raisons de certaines prises de position conciliantes à l'égard de Moscou, est arrivé mardi soir dans la capitale russe.

Il doit être reçu par le président russe à 13h00 locales (10h00 GMT), après avoir déposé une gerbe au mémorial du Soldat inconnu à Moscou. Le lendemain, il s'entretiendra de "collaboration économique et commerciale" avec son homologue russe Dmitri Medvedev et prendra la parole devant des étudiants russes en relations internationales.

A la veille de la visite de M. Tsipras, Athènes s'est voulue rassurant, le ministre des Finances Yanis Varoufakis affirmant que la crise grecque devait "se résoudre dans le cadre de la famille européenne", manière de dire que la Grèce ne cherchait pas d'aide financière ailleurs qu'auprès de ses partenaires européens.

En revanche, la Grèce cultive, comme les autres, des relations bilatérales avec des pays tiers.

Selon le ministère russe des Finances, aucune demande officielle pour un prêt de la Russie à la Grèce n'a d'ailleurs été adressée et aucune rencontre entre M. Tsipras et le ministre russe des Finances n'est prévue à l'agenda.

"Avec cette visite, la Grèce n'obtiendra bien entendu aucun argent pour combler son gouffre financier", estime Fiodor Loukianov, président du Conseil de politique extérieure et de défense, basé à Moscou.

Selon l'analyste, Moscou pourrait toutefois sans grande peine faire un geste en faveur d'Athènes en levant son embargo sur les produits alimentaires grecs, décidé l'été dernier dans le cadre des contre-sanctions russes envers l'Union européenne.

La question stratégique du gaz pourrait également être abordée, avec la perspective du prolongement vers la Grèce du projet de Gazoduc "Turkish Stream" entre la Russie et la Turquie, ou encore celle des investissements russes en Grèce, notamment dans la recherche de réserves pétrolières sous-marines et la compagnie ferroviaire Trainose.

- Mises en garde européennes -

Dans un contexte de crise ukrainienne qui a dégradé les relations UE-Russie, cette visite de deux jours d'un responsable européen à Moscou n'est pas passée inaperçue et les mises en garde n'ont d'ailleurs pas tardé.

Et ce, au moment où le gouvernement grec négocie laborieusement avec ses créanciers, UE et Fonds monétaire international (FMI), le déblocage d'une tranche d'aide vitale pour sa survie financière.

Le président du Parlement européen Martin Schulz, interrogé ce week-end par le journal allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung, a demandé à M. Tsipras de "ne pas mécontenter ses partenaires européens" en risquant de rompre l’unanimité de l'Union européenne vis à vis de la Russie.

La Grèce fait partie des pays européens opposés aux sanctions contre Moscou. Alexis Tsipras a répété, dans une interview la semaine dernière à l'agence de presse officielle russe Tass, qu'elles ne "menaient nulle part".

Dans une interview au Rheinische Post, le ministre allemand de l’Économie, Sigmar Gabriel, a préféré minimiser l'incertitude géopolitique: "Je ne peux imaginer que quiconque à Athènes soit prêt à tourner le dos à l'Europe pour se jeter dans les bras de la Russie", a-t-il dit.

La Commission européenne s'est elle bornée à rappeler mardi que "la politique commerciale est une compétence exclusive de l'Union européenne".

"Cette visite est en réalité un signal psychologique que le Premier ministre grec veut envoyer. Un signal que la Grèce a d'autres amis. Le fait que l'Europe réagisse comme elle le fait montre que ça fonctionne", affirme Fiodor Loukianov.

C'est également l'hypothèse privilégiée par Constantinos Filis, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales à Athènes, selon lequel cette visite résulte plus d'une "tactique" que d'un retournement diplomatique.

"La Grèce a besoin de l'UE et la Russie a besoin d'une Grèce dans l'UE et dans l'Otan pour éventuellement trouver des appuis contre les critiques à son égard et les sanctions économiques", ajoute-il.

Plus qu'une "alternative" à son ancrage européen, la Grèce voit dans la Russie "une carte complémentaire" dans son jeu diplomatique "qui permet de montrer que le pays a plusieurs alliés", estime M. Filis.

Athènes mène à cet égard une diplomatie tous azimuts tournée aussi bien vers l'Europe que les États-Unis, où se trouve depuis dimanche M. Varoufakis, que vers la Chine.

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