par Ju-min Park et Se Young Lee
SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord a annoncé vendredi avoir procédé à son cinquième essai nucléaire, d'une puissance sans précédent, et se dit désormais capable d'équiper des missiles balistiques d'ogives nucléaires.
L'explosion, qui coïncide avec le 68e anniversaire de la fondation de la Corée du Nord, a été plus puissante que celle d'Hiroshima en 1945, selon certaines estimations. Elle a été aussitôt condamnée par les Etats-Unis ainsi que par la Chine, principal allié du régime communiste de Pyongyang.
Ce nouveau test fera l'objet d'une réunion à huis-clos du Conseil de sécurité des Nations unies vendredi, à la demande des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud.
Sous la houlette de son dirigeant de 32 ans, Kim Jong-un, la Corée du Nord a accéléré ses programmes nucléaire et balistique, malgré les sanctions de l'Onu, qui ont été renforcées en mars.
La présidente sud-coréenne Park Geun-hye a estimé que cet essai effectué au mépris des résolutions du Conseil de sécurité et de la communauté internationale témoignait de "l'inconscience maniaque" de Kim Jong-un.
Barack Obama, qui se rendait au Laos à bord de son avion Air Force One, a de son côté promis que cette "provocation" aurait de "graves conséquences". Le président américain s'est entretenu avec son homologue sud-coréenne et avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui a jugé l'essai nord-coréen intolérable.
La France l'a aussi condamné et a appelé la communauté internationale à s'unir face à cette "provocation".
La Chine a jugé le test "mal avisé" et a annoncé qu'une protestation serait remise à l'ambassade de Corée du Nord à Pékin. Elle a toutefois critiqué une nouvelle fois la décision de la Corée du Sud de déployer le système Thaad, un dispositif antimissile américain qui, selon elle, porte atteinte à l'équilibre stratégique dans la région.
La Russie, l'Union européenne, l'Otan, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont également condamné fermement de nouvel essai.
Selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA, l'engin mis à feu était "miniaturisé" et l'essai a permis aux autorités de s'assurer qu'elles ont la capacité d'équiper un missile balistique de moyenne portée d'une ogive nucléaire.
PAS UNE SURPRISE
Pyongyang a testé de tels missiles lundi, alors que les dirigeants des grandes puissances étaient réunis en Chine pour le sommet du G20.
La Corée du Nord est désormais en mesure de produire "autant de têtes nucléaires qu'elle le voudra, plus petites, légères et variées et avec une plus grande puissance", affirme KCNA.
Au-delà des réactions indignées, la communauté internationale ne semble pas avoir beaucoup de moyens de pression sur Pyongyang, notent les experts.
"Des sanctions ont déjà été imposées dans pratiquement tous les domaines; donc cette politique est dans l'impasse", souligne Tadashi Kimiya, professeur de l'Université de Tokyo spécialisé dans les affaires coréennes.
Le Japon a dépêché des avions militaires pour inspecter de possibles radiations après le test présumé, a-t-on appris auprès des forces d'autodéfense du pays.
Le ministère chinois de l'Environnement a de son côté lancé en urgence des mesures de surveillance des radiations le long de sa frontière avec le pays, selon la télévision nationale.
Selon les données provisoires de l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (Otice), la magnitude, de 5 environ, de la secousse détectée en Corée du Nord laisse penser que l'essai nucléaire était plus puissant que celui de janvier.
D'après les calculs de Jeffrey Lewis, du Middlebury Institute of International Studies, en Californie, sa puissance explosive pourrait avoir atteint 20 à 30 kilotonnes, contre six kilotonnes pour le précédent essai, et 12 à 15 kilotonnes pour la bombe atomique d'Hiroshima.
L'agence sismologique sud-coréenne a mesuré de son côté une énergie près de deux fois plus importante que l'essai de janvier et estimé la puissance de l'explosion à environ 10 kilotonnes.
Le nouvel essai nord-coréen n'est pas une surprise.
Il y a deux mois, des images satellite américaines témoignaient d'une forte activité sur le site nucléaire de Punggye-ri et les experts s'attendaient à une réaction de la Corée du Nord après le placement sur une liste noire américaine de Kim Jong-un pour violation des droits de l'homme, le 6 juillet.
(Avec James Pearson (LON:PSON), Se Young Lee, Nataly Pak et Yun Hwan Chae à Séoul, Ben Blanchard à Pékin, Kaori Kaneko et Linda Sieg à Tokyo, Kirsti Knolle à Vienne et Eric Beech et Michelle Nichols à Washington e Marine Pennetier à Paris; Julie Carriat, Tangi Salaün et Danielle Rouquié pour le service français)