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La sidérurgie européenne confrontée à une crise persistante

Publié le 31/03/2016 14:22
Une usine Tata Steel à Scunthorpe Plant au nord est de l'Angleterre, le 31 mars 2016 (Photo LINDSEY PARNABY. AFP)
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Une usine Tata Steel à Scunthorpe Plant au nord est de l'Angleterre, le 31 mars 2016 (Photo LINDSEY PARNABY. AFP)

Surcapacités, exportations d'acier chinois, marché peu protégé: la sidérurgie européenne est confrontée à une crise persistante, dont l'annonce mercredi par le groupe indien Tata Steel d'une cession possible de tout ou partie de ses activités au Royaume-Uni est le dernier soubresaut.

Quelque 15.000 emplois sont directement menacés, dont un gros tiers sur le site gallois de Port Talbot. Le sujet est suffisamment sensible pour amener le Premier ministre David Cameron à assurer jeudi qu'il fera "tout ce qu'il peut" pour aider le secteur, tout en excluant une nationalisation.

Lors de leur sommet à la mi-mars, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE avaient déjà appelé les institutions européennes à mettre en oeuvre "des actions fortes" pour soutenir la sidérurgie, qui représentait près de 330.000 emplois directs dans l'Union en 2015.

Déjà début février, les ministres de l'Economie de sept pays européens (Allemagne, France, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg) avaient mis en garde contre "un risque important et imminent d'effondrement du secteur européen de l'acier". A la mi-février, patrons et syndicats du secteur avaient organisé main dans la main une grande marche à Bruxelles pour attirer l'attention sur leurs difficultés.

"La sidérurgie européenne n'a pas d'avantage comparatif sur l'acier de base. Elle ne peut s'en sortir que sur les produits qui ne sont pas des matières premières", juge Philippe Chalmin, professeur à l'université Paris-Dauphine et président de l'institut Cyclope d'analyse des matières premières.

"On a dans le monde entre 300 et 500 millions de tonnes de surcapacités d'acier. Les Chinois souffrent aussi, mais ils ont exporté leurs problèmes" en bradant les prix, ajoute M. Chalmin.

La production mondiale d'acier a légèrement reculé en 2015 (-2,8%), mais la part de la Chine dans cette production a continué à croître, de 49,3% à 49,5%.

Début mars, l'association Eurofer des sidérurgistes européens avait mis en exergue l'action des Etats-Unis d'imposer des droits de douane provisoires de plus de 265% sur certaines catégories d'acier chinois, en relevant que de son côté l'UE n'appliquait que des droits provisoires de 13% à 16% sur les mêmes produits.

Le 16 mars, la Commission européenne présentait un paquet de mesures de soutien, comportant notamment l'engagement de réduire les délais des procédures anti-dumping pour protéger son marché.

- Concentration en perspective -

Le secteur de l'acier observe aussi attentivement le niveau des prix, qui ont été tirés à la baisse par la surproduction, mais cette tendance semble marquer le pas.

"Il est très probable qu'on ait atteint le plancher, il y a eu quelques frémissements à la hausse", note Philippe Chalmin. "Mais il ne faut pas trop espérer. C'est un plancher qui risque de durer assez lontemps", juge-t-il.

Pour Anna Dorbec, analyste chez BNP Paribas (PA:BNPP), "l'incertitude sur la conjoncture et la croissance chinoise pèsent sur les prix".

"Est-ce qu'il y a d'autres sources dans le monde qui pourraient compenser la Chine? La réponse est non. Aujourd'hui il n'y en a pas", explique-t-elle.

En 2014, la Chine représentait 46% de la demande d'acier mondiale, contre seulement 16% en 2000. Dans la même période, la consommation d'acier des pays du G7 est tombée de 41,5% en 2000 à 18% en 2014, selon les estimations de BNP Paribas.

"Nous avons fait la restructuration européenne il y a trois, quatre ans et donc nous sommes actuellement dans une situation plus favorable", souligne Philippe Darmayan, président d'ArcelorMittal (AS:ISPA) France et président de la Fédération française de l'acier. "Mais on a aussi à continuer à baisser nos coûts dans le contexte actuel par prudence", ajoute-t-il.

Un désengagement de Tata Steel du Royaume-Uni pourrait d'ailleurs signaler le début d'une concentration du secteur européen, a estimé la banque Berenberg dans une note d'analyse qui a fait bondir mercredi de 8,27% l'action de l'allemand Thyssenkrupp.

"Une combinaison Tata Steel et ThyssenKrupp (DE:TKAG) pourrait maintenant devenir plus qu'une simple hypothèse", selon cette note.

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