La corruption s'aggrave en Chine, en Turquie et dans d'autres pays à forte croissance, a averti l'ONG Transparency International, en réclamant un effort des grandes places financières internationales contre le blanchiment, dans son rapport annuel publié mercredi.
Dans un classement publié à son siège berlinois, l'organisation indique que le Soudan, la Corée du Nord et la Somalie sont les pays perçus comme les plus corrompus au monde, tandis que le Danemark, la Nouvelle-Zélande et la Finlande sont considérés comme les plus vertueux.
Le rapport de Transparency classe 175 pays sur une échelle de 0 à 100, du plus corrompu au plus vertueux.
L'organisation souligne qu'il est impossible de mesurer la corruption puisque cette dernière est illégale et dissimulée. Pour établir son indice, Transparency rassemble des avis d'experts au sein d'organisations telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de Développement, la Fondation allemande Bertelsmann...
Transparency met l'accent cette année sur les difficultés de certains pays émergents, à lutter contre la corruption.
La Chine par exemple, 100e sur un total de 178 pays, chute de 4 points (à 36 points) et de 20 places par rapport à 2013, tandis que la Turquie, 64e du classement, perd de son côté 5 points (45 points) et onze places.
Concernant la Chine, Transparency relève que si "plusieurs politiciens de haut niveau et certains responsables publics de rang mineur ont été arrêtés pour corruption, (...) la manière dont les gens sont poursuivis devrait être plus transparente".
"La Chine (...) doit fournir un meilleur accès à l'information et créer des protections plus grandes pour les dénonciateurs qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent dans sa législation", déclare le rapport.
Pour la Turquie, Transparency souligne que "la perception générale de la corruption" dans le pays a "considérablement augmenté", notamment en raison "d'une série d'investigations et d'inculpations pour corruption visant des personnes proches du gouvernement".
- 'Culture de l'impunité' -
Le fait que des "journalistes critiques envers le régime" ont été "persécutés" et "arrêtés" a contribué à détériorer l'image du pays.
La corruption est également un problème important dans d'autres économies émergentes, poursuit le rapport, qui cite le Brésil (69e, 43 points) et les soupçons pesant sur la corruption de son personnel politique par les compagnies pétrolières.
L'Inde (85e, 38 points) est également pointée du doigt par Transparency qui y dénonce le recours à des comptes bancaires installés dans des paradis fiscaux comme l'Ile Maurice.
Les investissements de riches citoyens russes à Chypre attirent aussi l'attention de l'organisation, qui place leur pays à une modeste 136e place (27 points).
"Les économies à croissance rapide dont les gouvernements refusent d'être transparents (...) créent une culture de l'impunité dans laquelle la corruption prospère", a souligné José Ugaz, juriste et président de Transparency International.
Mais pour l'organisation, la corruption est un phénomène qui concerne "toutes les économies". "Plus des deux tiers" des pays étudiés atteignent d'ailleurs un score inférieur à 50. Le résultat moyen est de 43.
A cet égard, l'ONG insiste sur le nécessaire travail que doivent faire les "grands centres financiers dans l'Union européenne et aux Etats-Unis".
Transparency International estime que les multinationales du secteur bancaire et les grandes places financières pourraient faire plus pour éviter que certaines élites douteuses dans les pays émergents ne trouvent avec leur aide tacite les moyens de blanchir leur argent mal acquis.
"Presque tous les scandales bancaires liés au blanchiment ne se produisent plus seulement dans de petites îles qui sont des paradis fiscaux mais concernent également des fonds douteux, corrompus qui atterrissent dans des lieux comme Londres, New York ou Francfort", souligne ainsi Robin Hodess, directeur de recherche chez Transparency.