PEKIN (Reuters) - Etre le patron d'une banque publique chinoise, c'est-à-dire l'un des plus puissants établissements financiers du monde, n'a rien de particulièrement gratifiant.
L'an passé, l'Etat a réduit de moitié la rémunération des patrons des banques publiques dans le cadre d'une cure d'austérité généralisée.
Si on les compare aux salaires pratiqués dans les pays occidentaux, ceux des dirigeants bancaires chinois étaient déjà bien modestes mais à présent ils gagnent moins que bon nombre de banquiers frais émolus en Europe et aux Etats-Unis. Et l'écart avec leurs homologues occidentaux est toujours plus béant.
Par exemple, Jian Jianqing, président (du conseil d'administration ou chairman) de l'Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), première banque mondiale par l'actif, a perçu moins de 550.000 yuans (74.550 euros) en 2015, soit 52% de moins que les 1,1 million de yuans de 2014, suivant le dernier rapport annuel de l'établissement.
Sa rémunération représentait 0,3% des 27 millions de dollars (23,7 millions d'euros) gagnés par Jamie Dimon, le directeur général de JPMorgan Chase en 2015, et un très faible pourcentage des 14,3 millions de francs suisses (13,13 millions d'euros) de Sergio Ermotti, le directeur général d'UBS.
Les salaires des "chairmen" et divers présidents des cinq premières banques chinoises ont tous été réduits de moitié l'an passé, comme le montrent les différents rapports annuels. Les quatre autres banques en question sont China Construction Bank, deuxième établissement chinois, Agricultural Bank of China, Bank of China et Bank of Communications.
Les grandes banques chinoises sont habituellement dirigées par des bureaucrates nommés par l'Etat et pour nombre d'eux le poste n'est qu'un marchepied pour une fructueuse carrière politique à venir. Cet objectif passe au préalable par des salaires très encadrés.
Les quatre première banques chinoises figurent dans le palmarès des dix premières banques mondiales par l'actif.
Par le passé, les patrons des entreprises publiques chinoises ne manquaient pas d'occasions de gonfler leurs émoluments par des moyens plus ou moins détournés mais la vaste campagne anti-corruption lancée par le président Xi Jinping a nettement réduit leurs possibilités en la matière.
Les coupes claires dans les salaires des grands patrons de la banque ont coïncidé en outre avec le ralentissement économique du pays qui a pesé sur les profits du secteur. Les grandes banques chinoises ont publié le mois dernier une croissance des bénéfices qui a été la plus faible en dix ans.
(Shu Zhand et Matthew Miller, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)