par Pascale Denis
(Reuters) - Eurotunnel a dégagé un Ebitda quasiment stable en 2015 et a porté à 29 millions d'euros sa demande d'indemnisation visant à compenser ses pertes de revenus liés à la crise des migrants dans le port de Calais.
L'opérateur du tunnel sous la Manche, qui avait réclamé 9,7 millions d'euros aux Etats français et britannique en juillet, a précisé jeudi que l'afflux de migrants durant le mois d'octobre et les annulations de navettes qui en ont résulté s'étaient traduits, pour l'ensemble de l'année, par une perte de revenus de 26 millions d'euros.
A cette perte, ce sont ajoutés 3,0 millions d'euros de surcoûts d'exploitation liés à la sécurisation du site.
"Les conséquences financières pour l'entreprise sont somme toute modestes et nous disposons d'un cadre pour réclamer un dédommagement", a précisé à la presse le PDG du groupe, Jacques Gounon.
Il a tenu à remercier les Etats français et britannique pour les "efforts considérables" réalisés pour la mise en place des dispositifs de sécurité.
"Les Etats ont rempli leur rôle de sécurisation avec une très grande efficacité. Je leur suis très reconnaissant", a-t-il dit, précisant que la présence des forces de l'ordre était permanente depuis le 23 octobre et que, depuis lors, aucun incident n'était survenu.
Eurotunnel avait indiqué, fin novembre, avoir retrouvé son niveau habituel de sécurité.
Prudent pour 2016, le groupe a révisé en baisse sa prévision d'Ebitda à 560 millions d'euros, au lieu des 580 millions attendus auparavant, face au risque de nouveaux incidents liés à la pression migratoire ou au risque d'attentats.
"Nous sommes à la merci d'accidents dont l'impact pourrait être de 20 millions environ", a précisé Jacques Gounon.
PAS D'INQUIÉTUDE SUR LES PRIX
Par ailleurs, les attentats de novembre à Paris ont coûté à l'opérateur entre 3,0 et 4,0 millions d'euros de pertes de péages d'Eurostar.
L'Ebitda (excédent brut d'exploitation) est resté quasiment stable (+0,5%) à taux de changes constants l'an dernier à 542 millions d'euros, un chiffre légèrement inférieur au consensus ThomsonReuters I/B/E/S de 545,8 millions d'euros.
Le groupe avait publié un chiffre d'affaires en croissance de 5% en 2015 (après +7% en 2014), marqué par un fort ralentissement au quatrième trimestre (+1%).
Alors que certains analystes s'interrogent sur l'évolution des tarifs d'Eurotunnel face à la concurrence des ferries de DFDS et P&O qui devraient bénéficier de la baisse des prix du pétrole, Jacques Gounon se dit serein.
"Les opérateurs de ferries ont besoin de restaurer leurs marges et aucune baisse de prix n'a été constatée à ce jour", a -t-il noté.
Il ne voit pas non plus de concurrence sérieuse venir d'autres liaisons, plus longues mais devenues meilleur marché du fait de la chute des prix du pétrole.
"Le prix du temps est supérieur à celui du pétrole. Nous avons la chance d'être sur la route la plus courte. Je n'ai pas d'inquiétude à cet égard".
Les analystes d'Oddo s'attendent à une hausse du chiffre d'affaires d'Eurotunnel limitée à un peu plus de 3% en 2016, tandis que ceux d'Exane BNP Paribas (PA:BNPP) soulignent que les capacités devraient augmenter sur les liaisons transmanche en 2016 et 2017 avec, dès cette année, la mise en service des deux navires de son ancienne filiale MyFerryLink cédés au danois DFS.
Le résultat net consolidé a grimpé de 35% à changes constants, à 100 millions d'euros, grâce surtout à une forte baisse du coût de l'endettement financier, et le dividende proposé ressort à 0,22 euro, en hausse de 22%.
En Bourse, le titre Eurotunnel a clôturé à XX euros à la Bourse de Paris mardi, accusant une baisse de % depuis le début de l'année après une progression de 7,1% en 2015.
(Edité par Julien Ponthus)