par Pamela Barbaglia et Arno Schuetze
(Reuters) - Monsanto et le groupe suisse Syngenta travaillent avec des banques d'investissement sur un projet de rapprochement qui créerait un géant mondial de l'agrochimie pesant pour plus de 31 milliards de dollars (27,5 milliards d'euros) de chiffre d'affaires, ont indiqué trois sources au fait de la situation.
Syngenta a mandaté Goldman Sachs pour évaluer les mérites d'une vente à Monsanto, le numéro un mondial des semences qui lui-même est conseillé par Morgan Stanley (NYSE:MS), selon les sources.
Les rumeurs de fusion entre les deux groupes ont enflé depuis la fin avril, propulsant l'action Syngenta à un plus haut record de 351 francs le 4 mai.
Des porte-parole de Monsanto, Syngenta, Goldman Sachs et Morgan Stanley n'ont pas souhaité commenter l'information.
Monsanto, qui a contacté Syngenta dès l'an dernier, est depuis longtemps intéressé par le groupe suisse, à la fois pour renforcer ses opérations en Europe mais aussi avec des vues sur la fiscalité plus avantageuse de la Confédération.
Le gouvernement américain a depuis mis le holà sur les pratiques d'"inversion fiscale" qui permettaient à des firmes américaines de se délocaliser pour payer moins d'impôts, et selon une source industrielle Monsanto pourrait en conséquence devoir payer l'acquisition en numéraire plutôt qu'en actions et renoncer à l'idée d'un transfert de siège en Suisse.
Un montant allant jusqu'à 40 milliards de dollars a été évoqué pour l'opération.
Selon une source, Monsanto pourrait avoir du mal à financer seul l'acquisition, qui pourrait par ailleurs susciter des réserves des autorités de la concurrence, notamment aux Etats-Unis où les deux groupes sont leaders dans le domaine des semences.
Une solution serait que le groupe de St Louis trouve un partenaire pour reprendre les semences de Syngenta aux Etats-Unis avant de lancer son OPA.
"Il y une logique stratégique évidente derrière un rapprochement", a dit l'une des sources. "Syngenta est la seule cible disponible dans la protection des récoltes. Ce n'est pas étonnant que Monsanto continue de lui tourner autour."
Reste que Monsanto n'est pas seul à s'intéresser à Syngenta. Le groupe chimique allemand BASF (XETRA:BASFN) et l'américain Dow Chemical font aussi figure de prétendants possibles pour tout ou partie des activités du groupe suisse, selon une source.
Même le groupe public chinois ChemChina (China National Chemical Corporation), désireux de grossir en Europe, pourrait regarder le dossier mais Syngenta ne semble pas disposé a priori à se vendre à un concurrent asiatique.
"Personne ne veut faire le premier pas", a dit la source. "Tout le monde attend de voir le niveau de la première offre avant de réagir."
Syngenta, issu en 2000 des divisions agrochimiques de Novartis (SIX:NOVN) et de Zeneca, a pour autres concurrents Bayer CropScience et DuPont (NYSE:DD) Pioneer.
(avec Greg Roumeliotis et Mike Stone à New York et Sybille de La Hamaide à Paris, Véronique Tison pour le service français)