Un dirigeant de la Banque centrale européenne (BCE) s'est inquiété vendredi de la forte croissance du système bancaire parallèle, activités non soumises au contrôle des autorités, susceptible de menacer la stabilité financière en zone euro.
"La taille du secteur de la finance parallèle a plus que doublé durant la dernière décennie", a déclaré Vitor Constancio, vice-président de l'institution monétaire, lors d'un sommet économique à Warwick en Grande-Bretagne.
Egalement connue sous le terme anglo-saxon de "shadow banking", la finance parallèle désigne des activités bancaires menées par des fonds d'investissements ou des assureurs. Ces derniers n'étant pas des banques, ils échappent à la réglementation bancaire et au contrôle des autorités.
Selon une étude récente de la BCE, l'ensemble des actifs gérés par ce pan de la finance en zone euro est passé de 19.000 milliards d'euros fin 2013 à 23.000 milliards mi-2014. A cette même date, les actifs gérés par le secteur bancaire classique représentaient quelque 30.000 milliards d'euros.
"Si le +shadow banking+ continue à croître à la même vitesse que durant la dernière décennie et que le crédit bancaire reste stable, les actifs du secteur bancaire non réglementé pourraient dépasser en taille ceux du secteur réglementé d'ici cinq ans", a souligné M. Constancio.
Une tendance qui s'explique notamment par un durcissement de la réglementation bancaire, qui incite certains acteurs financiers à se tourner vers des activités moins contrôlées.
"Du point de vue de la stabilité financière, l'émergence du secteur bancaire parallèle pourrait créer un risque qui doit être mieux compris et mesuré. (...) Ce à quoi nous assistons actuellement, c'est à la montée d'un secteur bancaire parallèle qui est lui aussi vulnérable" aux mouvements erratiques, a poursuivi M. Constancio.
Pour limiter ces risques, les autorités "devraient pouvoir imposer des limites d'exposition aux institutions réglementées vis-à-vis de la finance parallèle" ou encore "transférer certaines institutions non-réglementées dans le champ de contrôle des superviseurs", a plaidé le banquier central.
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Réserve fédérale américaine ont récemment exprimé des craintes similaires en mettant en garde contre "les menaces" liées à l'exposition croissante des banques à la finance parallèle.