SHANGHAI (Reuters) - La croissance économique de la Chine devrait être tombée au premier trimestre à son plus bas niveau depuis la crise financière internationale, estiment les économistes, ce qui confirmerait le ralentissement de la deuxième économie mondiale en dépit des indices récents de stabilisation.
Le produit intérieur brut (PIB) chinois devrait afficher une croissance de 6,7% sur un an pour janvier-mars, après 6,8% au dernier trimestre de l'an dernier, selon une enquête de Reuters auprès de 64 économistes.
Il s'agirait du chiffre le plus bas depuis le premier trimestre 2009, quand la croissance chinoise était tombée à 6,2%. Sur l'ensemble de 2015, le PIB a progressé de 6,9%, sa performance la plus faible depuis plus de 20 ans.
Les prévisions des économistes pour janvier-mars s'échelonnent de 5,8% à 7,2% et leur médiane ressort à 6,7%.
Si la croissance continue de souffrir de la faiblesse de la demande mondiale, des surcapacités accumulées par certains secteurs importants et de la dégradation de la productivité dans le secteur public, plusieurs indicateurs récents suggèrent un début de rebond dans l'immobilier et l'industrie.
La croissance des investissements en actifs fixes s'est ainsi accélérée à 10,2% en rythme annuel en janvier et février contre 10% sur l'ensemble de 2015 et les profits du secteur industriel ont enregistré sur les deux premiers mois de l'année une hausse inattendue de 4,8% sur un an, après sept mois de baisse.
Les enquêtes auprès des directeurs d'achats et les chiffres des prix à la production ont eux aussi alimenté les espoirs d'une stabilisation, sinon d'une amélioration.
ESPOIRS DE STABILISATION
"On a observé une certaine stabilisation en mars dans l'économie réelle et l'investissement immobilier a rebondi en janvier-février, ce qui montre que l'activité de fond semble s'être légèrement améliorée", dit Yang Zhao, chef économiste pour la Chine chez Nomura à Hong Kong.
"Mais la contribution du secteur financier devrait avoir nettement diminué au premier trimestre. C'est pourquoi nous pensons que le PIB global aura continué de ralentir par rapport au quatrième trimestre."
Plusieurs observateurs estiment qu'en dépit des signes d'amélioration de la conjoncture observés ces derniers mois et de la remontée de l'inflation, la banque centrale chinoise devrait maintenir une politique monétaire accommodante pour atteindre ses objectifs de croissance et de masse monétaire tout en favorisant le refinancement des dettes de certaines entreprises industrielles.
"L'inflation de détail est déjà supérieure au taux de dépôt à un an, ce qui signifie que la marge de réduction supplémentaire des taux est limitée", explique Ding Shuang, économiste de Standard Chartered (LON:STAN) à Hong Kong.
"Mais la baisse des réserves obligatoires des banques va continuer car elle est nécessaire pour atteindre l'objectif de 13% de croissance de la masse monétaire cette année."
Outre les chiffres du PIB, Pékin publiera vendredi plusieurs indicateurs importants qui pourraient conforter le scénario d'amélioration progressive de la conjoncture.
La production industrielle est ainsi attendue en hausse de 5,9% par rapport à mars 2015, après +5,4% en février, et la hausse des investissements en actifs fixes dans les zones urbaines, un baromètre important de l'activité économique, devrait s'être accélérée à 10,3% sur l'ensemble du premier trimestre après 10,2% sur janvier-février.
Les ventes au détail, elles, sont attendues en progression de 10,4% sur un an en mars après +10,2% le mois précédent.
(Nathaniel Taplin et Kevin Yao; Marc Angrand pour le service français)