par Dmitry Zhdannikov
LONDRES (Reuters) - Le marché pétrolier mondial restera saturé au moins jusqu'à la fin de l'année prochaine, conséquence d'un ralentissement de la croissance de la demande et d'une nette progression de la production de l'Opep, deux éléments qui ne manqueront pas de peser sur les cours, constate l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Toutefois, la cadence à laquelle se constituent les stocks mondiaux sera réduite de moitié à peu près l'an prochain, après avoir atteint des niveaux sans précédent, et c'est pourquoi une pénurie des capacités de stockage est fort peu probable, ajoute l'AIE, dans son rapport mensuel publié vendredi.
"Dans la mesure où un supplément de pétrole, venant d'Iran, atteindra le marché, les stocks devraient augmenter de 300 millions de barils; la crainte de voir les capacités de stockage atteindre leurs limites est exagérée", dit l'organisme conseil des grandes puissances économiques dans leur politique énergétique.
"Pour l'essentiel, le supplément de pétrole sera absorbé par de nouvelles capacités de stockage représentant 230 millions de barils et les stocks américains ne sont remplis qu'à hauteur de 70%", poursuit l'AIE. "Dans la mesure où les stocks continueront de gonfler en 2016, il y aura encore beaucoup de pétrole pesant sur le marché".
L'AIE estime que la décision prise par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) la semaine dernière de ne pas plafonner sa production semble à nouveau attester de sa détermination de maximiser sa production à faible coût au détriment de la production à coût élevé de l'extérieur, quel qu'en soit le prix.
"Il semble bien que la stratégie inspirée par les Saoudiens commence à porter ses fruits", écrit l'AIE, diagnostic qui était également induit par le rapport mensuel de l'Opep paru la veille.
La croissance de l'offre hors Opep a été de moins de 300.000 barils par jour en novembre, alors qu'elle était de 2,2 millions en début d'année.
L'AIE prévoit une baisse de 600.000 bpj de la production hors Opep l'an prochain, comme dans son précédent rapport. Elle projette aussi une croissance de la demande de 1,23 million bpj en 2016 contre un pic de cinq ans de 1,79 million bpj cette année, le soutien donné par la chute des cours tendant à s'évanouir.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)