PARIS (Reuters) - Un premier cas de transmission du Zika par voie sexuelle a été détecté en France chez une femme dont le compagnon revenait du Brésil, pays le plus touché par le virus, a-t-on appris samedi.
"C'est un premier cas autochtone de transmission confirmé. La patiente va bien comme d'ailleurs le patient qui avait attrapé le Zika", a déclaré sur BFM TV François Bourdillon, le président de l'Institut de veille sanitaire (IVS).
"On a un système de surveillance qui nous permet de détecter très vite les cas importés et autochtones (...) Là, c'était facile (à détecter), c'était une femme qui n'avait jamais voyagé, son compagnon venait du Brésil", a-t-il ajouté.
Marie-Claire Paty, coordinatrice de la surveillance des maladies à transmission vectorielles à l'IVS, a précisé à Reuters que la patiente souffrait de la forme classique du Zika, "une forme totalement bénigne avec une éruption cutanée et pas de motif d'hospitalisation".
La contamination est intervenue "récemment après le retour" de son compagnon du Brésil, "dans un délai cohérent avec ce qu'on dit de l'incubation de cette maladie, entre trois et douze jours", a-t-elle dit à Reuters.
Comme la dengue et le chikungunya, le Zika est transmis par les moustiques du genre Aedes, qui sévit principalement dans la zone intertropicale. Il se répand actuellement en Amérique latine, où l'Organisation mondiale de la Santé redoute qu'il ne touche à terme trois à quatre millions de personnes.
Les symptômes sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) avec des éruptions cutanées.
Il n'existe ni traitement curatif ni vaccin et 80% des porteurs du virus ne présentent aucun symptôme, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les femmes enceintes, dans la mesure où il est soupçonné de provoquer des malformations foetales.
Un premier cas de transmission par voie sexuelle avait été recensé aux Etats-Unis en 2008 et les autorités sanitaires américaines ont annoncé cette semaine qu'elles enquêtaient sur 14 nouveaux cas potentiels.
"LES MOYENS SONT LÀ", A DIT MARISOL TOURAINE EN MARTINIQUE
"On avait la notion de cette possibilité après l'isolement du virus dans le sperme" après l'épidémie survenue en Polynésie en 2013-2014, "ça semble se confirmer à l'occasion de l'épidémie importante actuelle", a encore déclaré Marie-Claire Paty.
Même si la proportion de cas de transmission par voie sexuelle est "probablement négligeable", le Haut conseil de la santé publique a recommandé récemment que les femmes enceintes dont le compagnon a séjourné dans une zone contaminée aient des rapports protégés pendant toute la durée de leur grossesse et, hors grossesse, pendant au moins un mois après leur retour.
L'annonce de ce premier cas en France est intervenue alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, est en tournée aux Antilles et en Guyane pour faire le point de la situation et des moyens déployés contre l'épidémie.
"Les moyens sont là. Je suis venue pour marquer la reconnaissance du travail réalisé par l'hôpital, montrer mon soutien aux équipes engagées", a-t-elle déclaré vendredi à Fort-de-France (Martinique), en assurant qu'elle était venue "pour alerter et non pas alarmer".
Marisol Touraine a fait l'objet de vives critiques pour avoir conseillé fin janvier aux femmes enceintes de France métropolitaine de reporter leurs projets de voyage aux Antilles-Guyane françaises, alors que la plupart des pays d'Amérique latine et des Antilles sont touchés.
Selon le dernier point hebdomadaire de la cellule interrégionale d'épidémiologie Antilles-Guyane (Cire), il y a eu plus de 9.000 cas évocateurs de Zika, dont 7.600 en Martinique, depuis le début de l'année 2016.
"La Martinique et la Guyane sont en phase épidémique, alors que la Guadeloupe et encore en phase pré-épidémique", a indiqué la ministre.
(Yann Le Guernigou, avec Cécile Everard à Fort-de-France, édité par Marc Angrand)