PARIS (Reuters) - Le gouvernement a réaffirmé jeudi son attachement au dialogue social dans un contexte tendu, marqué par le boycott de la CGT de la prochaine conférence sociale, la crise à Air France et la grogne des policiers, moins de deux mois avant les régionales.
"Au fond, nous sommes face à un choix", a estimé Manuel Valls sur BFM TV RMC. "Soit nous avançons en réformant (...) et nous le faisons dans le dialogue, soit nous faisons un autre choix qui est celui du conservatisme, ou du refus du dialogue ou de la rupture, ce que présentent avec des projets différents (...) et l'extrême droite et Nicolas Sarkozy".
"Plus de dialogue social, plus de paritarisme, plus de rôle pas seulement pour les syndicats mais pour les acteurs qui représentent aujourd'hui les Français : il est là le choix entre la réforme dans le respect des uns et des autres et la rupture", a ajouté le Premier ministre.
La crise à Air France, dont l'annonce d'un plan de restructuration début octobre a été émaillée de violences de salariés, a mis le gouvernement socialiste, qui a fait du dialogue social une priorité, à rude épreuve.
Mardi, un membre de la CGT a refusé de serrer la main à François Hollande, en visite sur les chantiers navals STX de Saint-Nazaire, reprochant au chef de l'Etat de ne pas dénoncer "la violence patronale" dans le dossier Air France.
Le même jour à Lyon, Emmanuel Macron a été sifflé et hué par une centaine de manifestants, parmi lesquels des membres de la CGT. Une militante a pris le ministre de l'Economie à partie en criant "vous assassinez les chômeurs", avant d'être évacuée de la salle par le service d'ordre.
POLITIQUE DE LA CHAISE VIDE
"Je ne sais pas si ça grogne mais il y a indiscutablement des tensions", a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement au Jean-Marie Le Guen sur iTELE. "Raison de plus pour apaiser cette société, avoir un dialogue le plus rationnel, le plus respectueux possible".
Interrogé sur les critiques émises sur le dialogue social, qui selon certains serait rompu, il a répondu : "je ne comprends ces critiques. Pour le coup, la considération, le respect et l'écoute, c'est quand même la marque de François Hollande".
A cinq jours de la conférence sociale, la CGT a annoncé mercredi soir qu'elle ne participerait pas à cette réunion à laquelle sont conviées les principales organisations patronales et syndicales, invoquant l'ordre du jour et le contexte actuel.
"Quand on refuse de serrer la main, quand on refuse de dialoguer on ne fait pas avancer la société française et la société française a besoin de réformes et d'avancer", a estimé Manuel Valls.
Le chef de file des députés PS à l'Assemblée nationale Bruno Le Roux a quant à lui regretté la décision de la CGT.
"C'est bien dommage", a-t-il dit sur France 2. "Je regrette qu'il y ait une politique de la chaise vide quand on réunit pour discuter, on ne réunit pas pour obliger".
"Le gouvernement, et le président de la République, est depuis le premier jour aux côtés du monde du travail, quand on met en place la sécurité sociale professionnelle, quand on fait en sorte de réquilibrer entre revenus du capital et revenus du travail pour faire en sorte de rendre l'impôt plus juste."
(Marine Pennetier, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)