par David Shepardson et Bernie Woodall
NEW YORK/DETROIT (Reuters) - L'Environmental Protection Agency (EPA) américaine a accusé jeudi Fiat Chrysler Automobiles d'avoir équipé plus de 100.000 véhicules diesel vendus aux Etats-Unis depuis 2014 d'un logiciel permettant des émissions polluantes excessives, au terme d'une enquête inspirée par les investigations sur les tests d'émissions polluantes truqués par Volkswagen (DE:VOWG_p).
L'EPA, principale autorité fédérale de protection de l'environnement, et le California Air Resources Board (CARB) ont informé le constructeur qu'ils pensaient que son logiciel - non déclaré - de contrôle des émissions permettait aux véhicules concernés de générer des émissions polluantes supérieures aux niveaux autorisés par la loi.
FCA US, la filiale américaine du constructeur automobile italo-américain, a réagi dans un communiqué en affirmant croire que ses systèmes de contrôle des émissions respectaient les règles applicables et il s'est dit "déçu" des déclarations de l'EPA.
"Nous n'avons rien fait d'illégal", a déclaré de son côté l'administrateur délégué Sergio Marchionne. "Il n'y a jamais eu la moindre intention de créer des conditions destinées à fausser la procédure de test. C'est totalement absurde".
Les accusations de l'EPA visent au total 104.000 Jeep Grand Cherokee et Dodge Ram 1500 équipées de moteurs diesel de 3,0 litres de cylindrée, soit le sixième environ du nombre de véhicules incriminés dans le cas de Volkswagen.
L'amende maximale serait de l'ordre de 4,6 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros).
L'EPA poursuit ses investigations pour déterminer si le logiciel concerné constitue un "dispositif de dissimulation".
"Le fait de ne pas révéler l'existence d'un logiciel qui affecte les émissions du moteur d'un véhicule constitue une violation grave de la loi qui peut se traduire par une pollution nuisible de l'air que nous respirons", a déclaré Cynthia Giles, responsable de l'EPA, dans un communiqué.
"Une fois de plus, un grand constructeur automobile a pris la décision de contourner les règles et s'est fait attraper", a dit pour sa part Mary Nichols, la présidente du CARB.
Un constructeur automobile peut utiliser un dispositif auxiliaire de contrôle des émissions dans certaines circonstances si cela a pour but de prévenir une dégradation du moteur mais ce dispositif doit être déclaré aux autorités concernées.
LES VALEURS AUTOMOBILES EN NET RECUL EN BOURSE
Révélées par Reuters quelques minutes avant l'annonce officielle, les accusations de l'EPA ont fait dévisser le titre de Fiat Chrysler coté à Milan, qui a terminé en baisse de plus de 16% à 8,78 euros dans des volumes plus de trois fois supérieures à la moyenne des trois derniers mois.
L'action avait auparavant touché en séance un pic de près de deux ans à 10,68 euros.
L'ensemble du secteur automobile européen a été ébranlé, avec un indice sectoriel chutant soudainement de plus de 3,3% dans des volumes nourris, avant de finir sur un recul de 2,81%.
Renault (PA:RENA) a nettement accentué ses pertes, avec un recul de 2,6%, tandis que PSA (PA:PEUP) a basculé dans le rouge et a laissé 1,94%.
Les allemands Daimler (DE:DAIGn) et BMW (DE:BMWG) ont perdu respectivement 2,8% et 3% tandis que l'impact était un peu plus limité sur Volkswagen (-2,45%).
Le titre FCA coté à New York a été momentanément suspendu avant de rouvrir et de perdre 10,6%.
L'EPA refuse depuis plusieurs mois de certifier les millésimes 2017 de plusieurs modèles diesel de Fiat Chrysler, mais le constructeur a continué de vendre les millésimes 2016.
Le groupe pourrait devoir s'acquitter d'amendes susceptibles d'atteindre 44.539 dollars par véhicule s'il était prouvé qu'il a enfreint la législation en vigueur.
L'enquête de l'EPA couvre les modèles diesel de Fiat Chrysler pour les millésimes 2014 à 2016.
En septembre 2015, l'EPA avait annoncé qu'elle allait inspecter tous les véhicules diesel vendus aux Etats-Unis après l'aveu par l'allemand Volkswagen de l'existence d'un logiciel permettant à certains modèles d'émettre jusqu'à 40 fois les niveaux autorisés pour certains polluants.
Mercredi, Volkswagen a accepté de payer 4,3 milliards de dollars et d'admettre sa culpabilité dans le cadre d'un accord négocié avec la justice américaine.
(David Shepardson; Marc Angrand et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)