par Joshua Franklin
ZURICH (Reuters) - Crédit Suisse a annoncé jeudi un bénéfice dépassant le consensus au deuxième trimestre et a un peu amélioré la situation de ses fonds propres durant cette période, avant la présentation d'ici la fin de l'année par son nouveau directeur général d'une nouvelle stratégie.
L'action a ouvert en hausse de 4,3% en Bourse de Zurich.
"L'équipe de management et moi-même avons commencé à évaluer comment développer au mieux la banque à travers une révision stratégique menée en profondeur. Avant la fin de l'année, nous aurons établi une stratégie et un modèle commercial qui nous permettront d'obtenir une croissance durable et rentable", dit dans un communiqué le directeur général, Tidjane Thiam, en place depuis le 1er juillet.
La banque zurichoise n'a pas dit grand-chose de ce futur plan stratégique mais la référence fréquente à la région Asie-Pacifique laisse entendre que les attentes des analystes relatives à un recentrage sur la gestion de fortune pourraient être fondées.
Un responsable de Crédit Suisse avait dit à Reuters que Tidjane Thiam s'attacherait dans un premier temps à analyser en profondeur les activités de la banque gourmandes en capital, soit essentiellement la banque d'investissement et les opérations avec les fonds spéculatifs.
Crédit Suisse examinera si ces activités génèrent en retour des affaires pour les autres segments de l'établissement et quel est leur coût du capital.
Tout cela se fera avant que la banque ne procède éventuellement à une augmentation de capital, laquelle attendrait de toute façon l'automne, a dit ce responsable.
RENFORCER LES FONDS PROPRES
Interrogé par CNBC, Tidjane Thiam a déclaré lui-même qu'il ne pouvait dire pour l'heure si une augmentation de capital s'imposerait.
A Bloomberg TV, il a dit qu'il souhaitait privilégier la banque privée et la gestion de fortune plutôt que la banque d'investissement.
Les analystes pensent que Crédit Suisse devra lever au moins cinq milliards de francs pour renforcer ses fonds propres, lesquels se sont un peu améliorés au deuxième trimestre.
La banque helvète a fait état d'un bénéfice net trimestriel de 1,1 milliard de francs suisses (1,05 milliard d'euros), alors que les analystes attendaient 783 millions de francs.
Un an auparavant, la banque dégageait une perte nette de 700 millions de francs en raison du règlement intervenu avec les autorités américaines dans une affaire d'évasion fiscale.
En dépit de ce bon résultat d'ensemble, la division FICC (obligataire, changes, matières premières) de Crédit Suisse a pâti de l'aversion au risque des investisseurs, échaudés aussi bien par la crise grecque que par l'incertitude tenant au calendrier de la future remontée des taux américains.
"La nouvelle stratégie devrait permettre de parer à certaines pressions apparentes dans nos résultats du deuxième trimestre 2015", précise Thiam dans le communiqué des résultats.
"Nous comptons optimiser notre portefeuille d'affaires afin de diminuer ses besoins capitalistiques et de nous assurer que nous générons des capitaux excédentaires et maximisons la création de valeur pour nos actionnaires à travers un cycle économique".
A son entrée en fonction, Tidjane Thiam avait dit au personnel qu'il fallait renforcer le bilan de la banque pour affronter une situation difficile et faire preuve de discipline pour procéder au choix des investissements.
Beaucoup d'analystes pensent qu'il réorganisera les ressources en faveur d'une percée dans la gestion de fortune en Asie et réduira la voilure dans la banque d'investissement.
(Avec Katharina Bart, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)