PARIS (Reuters) - Le gouvernement ne doit "pas céder aux injonctions" de la CGT sur la loi Travail, a déclaré dimanche le dirigeant du Parti socialiste à l'approche d'une nouvelle journée de mobilisation nationale dont Philippe Martinez entend faire une démonstration de force.
Le Sénat, où la droite est majoritaire, entame lundi l'examen du projet de loi El Khomri, adopté le 12 mai en première lecture à l'Assemblée nationale, auquel il a apporté des modifications. Les débats doivent durer deux semaines avant un vote solennel le 28 juin. Le dernier mot appartiendra à l'Assemblée, début juillet.
"C'est au gouvernement de décider. On demande qu'il retire les cinq articles qui font la colonne vertébrale du texte. Et qu'on rediscute", déclare le secrétaire général de la CGT dans l'édition de samedi du Parisien.
"C'est-à-dire l'article 2, celui sur les plans de sauvegarde de l'emploi, notamment. Il y a aussi la question du référendum d'entreprise et de la médecine du travail", ajoute Philippe Martinez.
La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a prévu de recevoir Philipe Martinez vendredi matin, mais ce dernier a fait savoir qu'il était prêt à avancer le rendez-vous.
"Il faut être ferme sans fermeture. (...) Il ne s'agit pas aujourd'hui de céder aux injonctions d'une centrale syndicale", a recommandé Jean-Christophe Cambadélis dimanche dans le cadre du "Grand rendez-vous" Europe 1-Le Monde-iTELE.
"JEU DE RÔLES"
"La CGT doit choisir : soit elle est favorable à la négociation, donc on s'arrête et on négocie, soit elle est pour le retrait et à ce moment-là, nous sommes dans l'impasse", a-t-il souligné, dénonçant les "grèves tournantes" dans le pays.
"Nous avons passé un compromis avec la CFDT, la CFTC, l'Unsa, à l'époque la CGC, et la Fage. Ce compromis venait après une discussion sur la loi. (...) Pourquoi faudrait-il que le gouvernement et le Parti socialiste choisissent la CGT plutôt que le compromis?", a poursuivi le premier secrétaire du PS.
Dans un entretien au Journal du Dimanche, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, déplore "un jeu de rôles où chacun prétend montrer ses muscles".
Il relève en outre que "les blocages viennent de salariés et d'agents qui ne sont pas concernés par le projet de loi".
"Si un mouvement d'extrême droite avait empêché la parution des journaux, nous aurions été un million dans la rue à défiler contre le fascisme", déclare Laurent Berger.
La CGT avait bloqué le 26 mai dernier la parution de plusieurs titres de presse qui refusaient de publier une tribune-tract signée de Philippe Martinez contre la loi Travail.
"Il y a une contradiction : la CGT signe des accords d'entreprise, mais au niveau national est dans le refus. On n'est pas un syndicat quand on est dans le refus", a estimé pour sa part Jean-Christophe Cambadélis.
Les opposants à la loi Travail organise mardi un défilé national à Paris, sur fond de grèves à la SNCF et à Air France pour des revendications distinctes.
"La grève, ce n'est pas Martinez qui la décrète", déclare le secrétaire général de la CGT dans Le Parisien.
(Sophie Louet)