PARIS (Reuters) - Michel Sapin a dit jeudi comprendre "l'énervement" de certains responsables européens envers la France, qui devrait à nouveau bénéficier d'un délai pour ramener son déficit public dans les limites européennes.
Le ministre français des Finances a expliqué qu'une réduction plus rapide du déficit aurait eu des conséquences graves pour toute la zone euro et il a jugé que ces tensions devraient s'apaiser.
"Je comprends aujourd'hui une forme d'énervement, parfois peut-être politisé compte tenu des orientations politiques de tel ou tel membre de la Commission", a-t-il dit à des journalistes. "Je pense que tout cela va s'apaiser progressivement."
Des commissaires européens et des responsables des Etats membres de l'UE n'ont pas caché leur irritation en privé après que la Commission a recommandé d'octroyer un nouveau délai à la France, jusqu'en 2017, pour ramener son déficit public sous la barre des 3% du PIB.
Michel Sapin a assuré que des mesures seraient prises pour garantir les 21 milliards d'euros d'économies prévus cette année, ce qui permettra selon lui de réaliser l'effort additionnel de 0,2 point de PIB, soit 4 milliards d'euros, demandé par la Commission européenne pour 2015.
De 2015 à 2017, la France réalisera les 50 milliards d'euros d'économies promis et elle ramènera son déficit sous la limite de 3% fin 2017 comme la Commission le demande, a-t-il ajouté.
Selon Michel Sapin, le nouveau délai de deux ans recommandé la semaine dernière par la Commission européenne constitue la quatrième entorse française aux règles budgétaires, après 2003, 2007 et 2013.
"Objectivement, la France est affaiblie par son historique", a-t-il dit. "Quand vous mettez tout cela l'un à côté de l'autre et qu'à côté de ça vous prenez des pays comme la Slovénie, la Lettonie, le Portugal à qui on a dit : 'quoi qu'il arrive (...) tu respectes, tu n'as pas de délai', je comprends que ça crée une certaine émotion, une certaine impatience."
Cependant, a ajouté Michel Sapin, "la France, c'est 20% du PIB de la zone euro et ce qui se passe sur 20% du PIB de la zone euro, ça a un effet violent sur l'ensemble de la zone euro".
"C'est vrai chez nous comme ce serait vrai en Allemagne et d'un certain point de vue en Italie ou en Espagne. Dans ces quatre pays là, c'est quand même le coeur économique de la zone euro (...), il vaut mieux y faire un petit peu attention."
Les ministres des Finances européens examineront mardi la recommandation de la Commission européenne.
Cette dernière demande à la France de ramener son déficit public à 4,0% du PIB fin 2015, 3,4% fin 2016 et 2,8% fin 2017.
Le gouvernement français prévoyait quant à lui 4,1% à la fin de l'année, 3,6% fin 2016 et 2,7% en 2017.
(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)