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Chômage: baisse éphémère ou embellie durable ?

Publié le 26/10/2016 13:32
La décrue spectaculaire du chômage cache une recrudescence de l'emploi précaire et des perspectives incertaines pour 2017 (Photo PASCAL GUYOT. AFP)
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La décrue spectaculaire du chômage cache une recrudescence de l'emploi précaire et des perspectives incertaines pour 2017 (Photo PASCAL GUYOT. AFP)

La décrue spectaculaire du chômage en septembre confirme une réelle amélioration. Mais cet indicateur, juge de paix d'une nouvelle candidature de François Hollande, cache une recrudescence de l'emploi précaire et des perspectives incertaines pour 2017.

La baisse, une vraie tendance ?

En septembre, 66.300 chômeurs ont quitté les listes de Pôle emploi en métropole, une baisse inédite aussi loin que remontent les archives du ministère du Travail.

Mais ce chiffre mensuel est un indicateur très volatil et la tendance doit s'observer sur plusieurs mois : depuis le début de l'année, le chômage a baissé de 90.000 personnes (-2,5%) au sens de Pôle emploi. Quant à l'Insee, il a observé une baisse de 81.000 chômeurs au premier semestre. Entre fin 2015 et mi-2016, son taux, seul thermomètre du chômage reconnu à l'international, est passé de 9,9% à 9,6% de la population active.

Bien que réelles, ces baisses ne sont pas uniquement dues à la conjoncture.

Le "plan 500.000", qui doit doubler à un million le nombre de formations pour les demandeurs d'emploi en 2016, amplifie le recul. Si le nombre de demandeurs d'emploi en formation s'est stabilisé en septembre, Pôle emploi en recense tout de même 50.500 de plus que fin 2015. Ces personnes ne sont pas considérées comme des chômeurs, car indisponibles pour travailler.

Le marché du travail est-il guéri pour autant ?

Malgré l'éclaircie, le chômage reste massif. Fin septembre, Pôle emploi comptabilisait 3,49 millions de chômeurs. L'Insee en recensait pour sa part 2,77 millions au deuxième trimestre.

Les chiffres de septembre sont, en outre, plus mitigés qu'il n'y paraît. Si les chômeurs sont moins nombreux, les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite augmentent fortement (+1,4%). La hausse est même de 6,4% sur un an.

Rien de surprenant, selon les économistes, car la reprise de l'activité s'accompagne généralement, dans un premier temps, d'une recrudescence des contrats précaires, qui deviennent ensuite pérennes si la croissance est durable.

Elément positif: les embauches en CDI ont augmenté de 2,4% au 3e trimestre, alors que les CDD n'ont progressé que de 0,9%.

La baisse durera-t-elle ?

Les prévisions n'incitent pas à l'optimisme.

L'Insee table, d'ici à fin 2016, sur une poursuite de la baisse, mais à un rythme très modéré : son taux passerait à 9,5% (-0,1 point). Mais pour la suite, l'Unédic, gestionnaire de l'assurance chômage, voit l'indicateur repartir à la hausse (+79.000 chômeurs).

En cause: une croissance incertaine, notamment liée au Brexit.

Le gouvernement table toujours sur une croissance de 1,5% cette année et en 2017, soit le seuil nécessaire, selon les économistes, pour faire reculer le chômage. Mais ces prévisions sont remises en question. L'Insee prévoit 1,3% en 2016. Pour 2017, l'OCDE et le FMI tablent sur 1,3%.

Permettra-t-elle à François Hollande de briguer un second mandat ?

Alors qu'il est au plus bas dans les sondages, les chiffres de septembre ont fait l'effet d'un bol d'air pour le Président, qui conditionne une nouvelle candidature à une inversion "crédible" de la courbe.

L'ampleur inédite du repli l'a conduit, fait rarissime, à publier un commentaire sur Facebook (NASDAQ:FB), saluant un "mouvement général" de baisse. Il a néanmoins reconnu que "la bataille n'est pas terminée".

François Hollande se laisse jusqu'à début décembre pour décider d'une éventuelle candidature. D'ici là, il reste une livraison des statistiques de Pôle emploi fin novembre. Mais même si le recul se confirmait, l'embellie ne devrait pas suffire à redorer l'image du chef de l'Etat, confronté à une impopularité record et aux doutes de son propre camp.

Seuls 4% des Français approuvent son action, selon un récent sondage, qui a suscité ce commentaire désabusé à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement : "Si vous parlez de la courbe du désamour, c'est pas une courbe, on est au plus bas."

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