Grandes manoeuvres dans le commerce en ligne: l'américain Wal-Mart, numéro un mondial de la distribution, va s'associer dès septembre au géant informatique Google (NASDAQ:GOOGL) pour vendre ses produits, une alliance qui vient directement concurrencer Amazon (NASDAQ:AMZN).
"A partir de fin septembre, nous travaillerons avec Google pour proposer des centaines de milliers d'articles qui pourront être commandés par la voix via Google Assistant", l'assistant personnel connecté de Google, a écrit Marc Lore, à la tête du e-commerce chez Wal-Mart, dans un billet publié mercredi sur le blog du groupe.
Wal-Mart, qui promet "la plus grande offre de distribution disponible sur la plateforme", va rejoindre Google Express, qui permet déjà de commander des produits dans diverses enseignes (Costco, les pharmacies Walgreen's...).
De son côté, Google, filiale de la maison mère Alphabet, a annoncé la vente de produits allant "de la lessive aux Lego", via un communiqué d'un cadre, Sridhar Ramaswamy.
Pour Google et Wal-Mart, les avantages vont dans les deux sens.
Le premier crédibilise sa plateforme en récupérant de nombreuses références. En proposant aux clients de lier leurs comptes Google et Walmart, le partenariat doit leur permettre "de recevoir des résultats personnalisés à partir de leurs achats chez Walmart, en ligne comme physiques", explique M. Ramaswamy.
Pour Wal-Mart, l'alliance facilite considérablement l'acte d'achat en ligne via la commande vocale.
"En ce qui concerne le shopping vocal, nous voulons le rendre aussi facile que possible", a écrit M. Lore. "C'est pourquoi, c'est logique pour nous de faire équipe avec Google."
Sans le citer, les deux groupes, qui vont permettre à leurs clients de lier leurs comptes Wal-Mart et Google, s'attaquent frontalement au géant Amazon.
- Guerre de mouvement -
Wal-Mart est confronté depuis plusieurs années à la dynamique conquérante du site de commerce en ligne, qui le menace maintenant sur le terrain même des magasins physiques après le rachat en juin de l'enseigne bio Whole Foods.
Lors de ses derniers résultats trimestriels, publiés ce mois-ci, Wal-Mart a, une nouvelle fois, inquiété les analystes au sujet de son retard face à Amazon, malgré des chiffres supérieurs aux attentes et une progression de 60% de ses ventes en ligne.
Selon le cabinet spécialisé Internet Retailer, qui se base entre autres sur des chiffres du département du Commerce, Amazon joue toujours un rôle écrasant dans les ventes en ligne aux Etats-Unis au deuxième trimestre, avec une part de marché de 38%.
Selon ces mêmes estimations, le site a contribué, à lui seul, pour moitié à la croissance du commerce internet américain sur cette période.
Certes, en ce qui concerne la distribution américaine dans son ensemble, Amazon reste nettement derrière Wal-Mart, avec des parts de marchés respectives de 2,8% et 6,3% l'an dernier, mais il s'installe confortablement dans la place du challenger.
Bien qu'il tarde à convaincre les analystes sur le terrain du commerce en ligne, Wal-Mart n'a pas ménagé ses efforts avec de multiples acquisitions ces dernières années.
Principale opération en ce sens, le groupe de Bentonville (Arkansas, sud) avait déboursé trois milliards de dollars voici un an pour racheter le discounter Jet.com, menant ainsi sa plus grosse acquisition depuis 2010.
C'est d'ailleurs chez Jet.com que Wal-Mart a embauché M. Lore, qui a fait l'annonce du partenariat avec Google. Il avait co-fondé le site et en était le directeur général.
Sur d'autres plans, Wal-Mart, a noué des partenariats avec les sites de voitures avec chauffeurs (VTC) Uber et Lyft. En interne, il propose à ses employés de faire des heures supplémentaires en livrant des achats effectués par les clients sur internet.
Du côté de Google, filiale de la maison mère Alphabet, le groupe concurrence déjà directement l'assistant domestique Echo d'Amazon avec son propre Google Home.
Le groupe prend position depuis plusieurs années dans le commerce en ligne via Google Express, intégrant notamment des fonctionnalités à Google Home, mais ses efforts restent encore balbutiants face à la position dominante d'Amazon.