PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste espère limiter dimanche son retard sur une alliance UMP-UDI aux prises avec un Front national omniprésent lors du second tour des élections départementales.
Selon un décompte du ministère de l'Intérieur, ce second tour donnera lieu à 1.614 duels et 278 triangulaires, le FN s'étant qualifié dans plus de 1.100 cantons.
D'après un sondage Ifop pour Europe 1 et Le Figaro publié jeudi, l'alliance UMP-UDI emporterait entre 970 et 1.110 cantons, contre 560 à 680 pour le PS et ses alliés et 50 à 110 pour le Front national.
Face à ces prédictions, Manuel Valls a émis le souhait qu'une gauche désormais unie permette de sauver un maximum de départements - au moins une vingtaine sur les 61 qu'elle tenait jusqu'à présent, sur un total de 102, espère la direction du PS.
"Aujourd'hui, la gauche est rassemblée, et cette unité est importante parce qu'elle était trop dispersée au premier tour", a dit le Premier ministre sur iTÉLÉ. "Les abstentionnistes du premier tour, souvent à gauche, feront sans doute la différence".
Dimanche dernier, le PS est arrivé en troisième position avec 21,85% des votants, derrière l'UMP alliée aux centristes de l'UDI (29,4%) et le FN (25,19%).
Menacé de perdre des bastions comme le Nord et les Bouches-du-Rhône, le PS appelle à voter contre les candidats du FN dans les cantons où ses candidats ont été éliminés et a prôné le désistement dans ceux où la gauche, en troisième position, n'était pas en mesure de l'emporter.
VALLS EN PREMIÈRE LIGNE
Manuel Valls a réaffirmé qu'il resterait Premier ministre à l'issue du scrutin tout en refusant de se prononcer sur la possibilité d'un remaniement gouvernemental pressenti en avril.
Le chef de la majorité a mené campagne tous les jours, à part une pause de 24 heures en raison du crash mardi de l'Airbus (PARIS:AIR) qui a fait 150 morts dans les Alpes.
Il était vendredi soir dans le Gard pour soutenir le socialiste Jean Denat, en ballottage délicat dans un département où le FN s'affiche dimanche dans tous les cantons.
Nicolas Sarkozy était pour sa part jeudi à Perpignan (Pyrénées-Orientales) pour un ultime meeting aux côtés de Jean-Christophe Lagarde, président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) en alliance avec l'UMP.
L'occasion pour le patron de l'UMP de dénoncer une nouvelle fois les "mensonges" de François Hollande et le système "FNPS", en écho à l'"UMPS" fustigé par la présidente du Front national, Marine le Pen.
L'UMP ne donne pas de consigne de vote en cas de duels entre le FN et le PS (ni FN, ni Front républicain) et prône le maintien de ses candidats dans les triangulaires concernées.
Grand absent d'une campagne dont le résultat pèsera sur la fin de son quinquennat, François Hollande ira voter dimanche à Tulle avant de s'envoler pour Tunis, où il prendra part à une marche républicaine contre le terrorisme liée à l'attentat qui a fait 21 morts, dont 20 touristes étrangers, le 18 mars au musée du Bardo.
Le registre de l'émotion a aussi dominé les cérémonies de mercredi dans les Alpes à la mémoire des victimes du crash de la Germanwings, en présence de la chancelière allemande Angela Merkel et du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
Accusé par la droite d'instrumentaliser ce drame à des fins politiciennes, le président a laissé son Premier ministre mener campagne et commenter les données économiques divergentes tombées ces derniers jours : hausse du chômage en février et déficit public moins mauvais que prévu en 2014 (4%, contre 4,4 prévus initialement).
"Je reste volontariste", a dit Manuel Valls sur France 3. "L'année 2015 sera l'année du retour de la croissance, nous ferons bien mieux que les 1% que l'on nous annonce."
Si elle se confirme, l'embellie économique pourrait donner au chef de l'Etat le lest nécessaire pour infléchir sa politique vers la gauche et entamer l'hypothétique reconquête d'une opinion dont le dépit s'est amèrement exprimé dans les urnes.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)