Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Renault a signalé jeudi un recul de ses ambitions mondiales, dévoilant une nouvelle stratégie basée sur la fabrication de voitures moins nombreuses et plus précieuses.
Le constructeur automobile français, en difficulté, suit essentiellement le chemin battu il y a quatre ans par General Motors (NYSE:GM), reconnaissant qu'il a passé les cinq dernières années à fabriquer trop de voitures, et trop de voitures bon marché en plus. Il accélère un processus qui battait déjà son plein depuis l'année dernière, lorsque le groupe a vendu une entreprise commune avec Dongfeng Automotive pour le marché chinois.
La même semaine, Renault (PA:RENA) a signé un accord de coentreprise avec le fabricant de piles à combustible à hydrogène Plug Power (NASDAQ:PLUG) afin de défendre sa position sur le marché des véhicules utilitaires légers, un segment qui va gagner en importance car les achats en ligne renforcent la demande de livraison de marchandises en porte-à-porte.
Le plan est une déclaration d'intention ferme du nouveau directeur général Luca di Meo, qui marque son autorité sur une société qui a dérivé de façon alarmante depuis l'éviction scandaleuse de Carlos Ghosn, qui a révélé une situation précaire à la fois en interne et dans les relations avec son partenaire d'alliance Nissan (OTC:NSANY).
Au cours des cinq prochaines années, le groupe réduira sa capacité de production de 22 %, principalement en Amérique latine et en Inde, et rationalisera considérablement son offre de produits, en produisant à terme 80 % de sa production sur trois plateformes de modèles de base partagées avec Nissan. D'ici 2025, il prévoit que deux tiers des modèles qu'il commercialise seront soit des modèles à batterie, soit des modèles hybrides.
Renault espère réduire ses coûts d'équilibre financier de 30 % d'ici 2023 et porter ses marges d'exploitation à 5 % d'ici 2025. Bien que cela représente une nette amélioration par rapport aux moins de 4 % de 2019, dernière année prépandémique, cela le placerait encore bien en dessous de ses concurrents Peugeot (OTC:PUGOY) et Volkswagen (DE:VOWG_p), par rapport auxquels il s'est généralement mesuré.
Il est frappant de constater que les actions Peugeot et Volkswagen ont nettement surpassé celles de Renault jeudi. Le titre Peugeot a augmenté de 5,0 %, aidé par la conclusion officielle de sa fusion avec Fiat Chrysler. L'action VW a augmenté de 4,0%.
C'est logique : la réduction de la surcapacité mondiale les aidera tout autant que Renault, même si tous deux pourraient maintenant être confrontés à une concurrence plus ciblée sur leur marché national, l'Europe. La nouvelle stratégie de Renault prévoit un rôle accru pour les sites de production à bas coûts en Roumanie, au Maroc et en Turquie.
En revanche, elle est moins ouverte sur l'avenir des usines françaises à coûts élevés. Pas un mot dans la présentation de la stratégie n'a été consacré aux ajustements de capacité dans ces pays. Il est clair que ce n'est pas le meilleur moment pour annoncer des suppressions d'emplois à grande échelle en France, mais il n'y a jamais de bon moment pour cela. Cela reste une ortie que di Meo devra tôt ou tard saisir. La stratégie demande à Renault d'accepter les perturbations, qu'elles proviennent de la révolution électrique ou de l'évolution des habitudes d'utilisation, la réalité est que les perturbations ont étreint Renault il y a longtemps et que les pertes de plusieurs milliards d'euros de l'année dernière viennent de plus loin. Ce sera une lutte difficile.