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StockBeat: Les actions russes ne sont peut-être pas aussi faibles qu'elles en ont l'air

Publié le 10/03/2020 10:17
Mis à jour le 10/03/2020 10:26
© Reuters.

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Par Geoffrey Smith

Investing.com -- Le vieil adage dit que la Russie n'est jamais aussi forte qu'elle en a l'air ni aussi faible qu'elle en a l'air. A l'origine, il s'agissait d'un avertissement aux politiciens étrangers, mais il s'applique également aux investisseurs.

L'indice russe RTS - toujours fortement influencé par les mouvements du prix du plus grand produit d'exportation du pays, le pétrole - a baissé de 15% à l'ouverture mardi. Il l'aurait déjà fait lundi, s'il n'y avait pas eu un jour férié. Il a ensuite réduit ses pertes pour ne plus baisser que de 11,9%.

C'est un mouvement réflexe : la plupart des titres les plus importants de l'indice se trouvent dans le secteur du pétrole et du gaz et ceux qui ne le sont pas sont encore fortement, bien qu'indirectement, exposés à l'activité. Il n'est pas surprenant de constater que les trois plus mauvais résultats sont tous des producteurs de pétrole - Rosneft (MCX:ROSN), Lukoil (LON:LKOHyq) et Tatneft (OTC:OAOFY), tous en baisse de 13,5% à 16% : des prix du brut plus bas signifient des flux de trésorerie plus faibles - bien que l'impact ne soit pas aussi important qu'on pourrait le penser, puisque le gouvernement prélève également moins d'impôts lorsque les prix sont bas. De plus, la propriété de l'État, qui freine généralement les évaluations, joue un rôle de soutien dans ces moments-là, réduisant le risque d'événements extrêmes en matière de crédit (Lukoil est une entreprise privée mais a une longue tradition de coopération loyale avec l'État).

Une préoccupation plus importante est peut-être celle de Gazprom (MCX:GAZP). Le premier producteur mondial de gaz dépend des exportations vers l'Europe et, depuis l'année dernière, de la Chine pour ses bénéfices, mais la demande européenne a chuté en raison du deuxième hiver le plus chaud jamais enregistré, et la demande chinoise de gaz s'est effondrée au cours des deux premiers mois de l'année en raison du coronavirus.

Gazprom n'a pas divulgué la formule de tarification du gaz qu'il vend par un nouveau gazoduc vers le nord-est de la Chine, mais il semble raisonnable de supposer que si le pays refuse les cargaisons de GNL, il utilise également la flexibilité de ce contrat pour faire baisser le prix qu'il paie au géant russe, laissant à Gazprom peu de moyens pour assurer le service des dettes qu'il a accumulées pendant sa construction. Il a atteint mardi son plus bas niveau depuis dix mois, mais il était déjà en baisse depuis octobre.

Plus inquiétant encore pour les investisseurs est le spectacle des actions axées sur le marché intérieur qui s'effondrent toutes, entraînées par la forte baisse de la monnaie. Le rouble a atteint mardi son plus bas niveau depuis mars 2016, tombant jusqu'à 72,79 pour un dollar. Les trois grandes chaînes de supermarchés Magnit (LON:MGNTq), Lenta (LON:LNTAq) et X5 Retail (LON:PJPq) ont toutes baissé de 8,4% à 11,5%.

La dernière fois que le rouble a chuté aussi fortement, c'était fin 2015 - par coïncidence, la dernière fois que l'Arabie Saoudite a entamé une guerre des prix du pétrole. De tels épisodes de faiblesse ne durent généralement que jusqu'à ce que les grands exportateurs de pétrole reviennent au principe de gestion des prix du brut. Cependant, elles s'accompagnent souvent de l'effet secondaire de prêts douteux et d'un resserrement de l'accès au crédit. Les prochaines semaines montreront à quel point l'assainissement du système bancaire par la banque centrale a amélioré la résilience de l'économie.

En attendant, le marché russe offre encore des poches de force : Norilsk Nickel (LON:NKELyq), l'un des plus grands producteurs mondiaux de métaux du groupe platine, continuera à bénéficier de prix très élevés pour le palladium et de prix solides pour le nickel et le platine; les mineurs d'or et d'argent Polyus (LON:PLZLq) et Polymetal (LON :POLYP) peuvent s'attendre à des prix record pour leur production, et les sidérurgistes tels que Novolipetsk (LON:NLMKq) et Severstal (LON:SVSTq) peuvent avoir la possibilité d'exploiter toute rupture d'approvisionnement à court terme chez les concurrents chinois.

Comme toujours avec la Russie, le parcours risque d'être cahoteux - et jamais ennuyeux.

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