PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a dit jeudi ne pas avoir été informé par Moody's d'une dégradation de la note souveraine de la France, contrairement à ce qu'affirme le quotidien L'Opinion.
L'agence de notation a fixé à vendredi la date de sa prochaine expression sur la note de la France, actuellement Aa1, soit la deuxième meilleure, assortie d'une perspective négative.
Après l'annonce d'un dérapage du déficit cette année et du report à 2017 de l'objectif de ramener ce dernier à 3% du PIB, un abaissement de la note ne surprendrait guère les analystes, qui n'attendent pas d'effet massif d'une telle décision.
Selon L'Opinion, Moody's a informé jeudi le gouvernement qu'elle dégradait cette note d'un cran, à Aa2. Cette information n'a pas provoqué de tension sur les obligations souveraines.
Le quotidien écrit sur son site internet que "le mail prévenant l'exécutif à l'avance comme le veut la règle, et dont L'Opinion a pris connaissance, a été envoyé ce matin dans les cabinets ministériels". Il ne précise pas quelle perspective est donnée à la nouvelle note.
"Le gouvernement dément l'information donnée par le journal L'Opinion, il n'a reçu aucune information de Moody's à ce stade", a ensuite déclaré un porte-parole du ministère des Finances à Reuters.
"Je ne sais pas ce que fera l'agence Moody's", a dit pour sa part le président François Hollande lors d'une conférence de presse, tout en remarquant que "ce n'est pas la première fois qu'une agence dégrade la signature de la France" et que "jamais l'Etat n'a emprunté à des taux aussi bas".
L'agence de notation a quant à elle précisé que "Moody's ne commente pas sur d'éventuelles actions de notation".
"PAS D'EFFET MAJEUR"
Si Moody's dégrade la note française, "nous n'attendons pas d'effet majeur", déclare Michel Martinez, économiste zone euro chez Société générale CIB, soulignant que l'agence s'alignerait ainsi sur sa concurrente Standard and Poor's.
François Cabau, chef économiste France de Barclays, ne serait pas surpris par une dégradation de la note. "La question sera plus de savoir si les perspectives seront maintenues négatives" et quelle sera l'argumentation de Moody's, dit-il.
Moody's avait retiré à la France sa note Aaa le 19 novembre 2012. Standard and Poor's a quant à elle baissé la note de la France une première fois en janvier 2012 et une deuxième fois en novembre 2013, à AA.
Moody's écrivait le 18 août, après l'annonce par le ministre des Finances, Michel Sapin, que la France raterait son objectif de réduction du déficit public que "ces difficultés à réaliser le programme budgétaire du gouvernement et la probabilité croissante qu'il n'y parviendra pas est un facteur négatif pour la note de crédit de la France".
Michel Sapin a annoncé depuis que le déficit augmenterait cette année, au lieu de reculer, pour atteindre 4,4% du PIB au lieu de 3,8%, après 4,1% en 2013.
Le dérapage serait ainsi de plus de six milliards d'euros cette année et de plus de 25 milliards en 2015, année où le déficit serait à peine réduit à 4,3%, au lieu des 3% promis auparavant.
(Jean-Baptiste Vey, avec Leigh Thomas et Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)