PARIS (Reuters) - L'opposition a dénoncé lundi un décalage entre la détermination affichée par le gouvernement à poursuivre sa politique et les résultats des élections départementales marquées par la victoire de la droite, la défaite de la gauche et la percée du FN.
Quelques minutes après l'annonce des résultats dimanche soir, le Premier ministre Manuel Valls a imputé la cinglante défaite subie par son camp aux divisions de la gauche au premier tour et a promis de nouvelles mesures en faveur de l'investissement privé et public et de l'emploi.
Dans l'entourage de François Hollande, qui avait exclu il y a dix jours tout changement de ligne après le scrutin, on assure que le cap des réformes sera maintenu et on écarte tout remaniement gouvernemental dans l'immédiat.
"On a, après une telle claque électorale, un gouvernement, un président, qui disent 'oui on a perdu mais on ne change rien'", a dit la vice-présidente de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet sur France 2. "Hollande doit entendre le premier message, celui du rejet de la gauche à tous les niveaux, au niveau local au niveau national, du rejet de cette politique".
"Ce n'est pas une question de personne, c'est une question de politique", a-t-elle ajouté.
Pour Marine Le Pen, dont le parti n'a pas remporté de département mais a réalisé une percée, le FN pourrait tirer profit de ce qu'elle qualifie de "déni de réalité" aux prochaines élections.
"Il est en train de se passer quelque chose", a-t-elle estimé sur RTL. Mais "la classe politique est dans le déni, elle refuse de le voir et surtout elle refuse d'en tenir compte et c'est ça qui créera les victoires de demain".
"Il n'est plus possible aujourd'hui de faire une politique contre le peuple français", a-t-elle ajouté.
DÉNI
Dans les rangs des frondeurs, si on attribue également la défaite à la désunion de la gauche, on pointe des "orientations qui ont désarçonné" et on met en garde contre le statu quo.
"J'espère qu'on n'adoptera pas une position de déni à l'égard des raisons profondes de cette défaite", a déclaré l'ancien ministre Benoît Hamon sur RTL. "Si la seule leçon qu'on tire c'est d'adresser aux électeurs quelques conseils supplémentaires de patience parce que la croissance va revenir (...) je pense que ça ne suffira pas honnêtement".
"Les Français ont eu le sentiment qu'on leur faisait peser sur les épaules des efforts dont on ne leur avait pas parlé auparavant, là où d'autres étaient exonérés de ces efforts, je crois que c'est dans ce décalage que réside ce malentendu entre le peuple et la gauche du gouvernement".
Face à ce malentendu, le député des Yvelines appelle notamment le gouvernement à "prendre des mesures fortes à l'égard des retraités les plus modestes, à dégeler le point d'indice des fonctionnaires et à mettre des moyens pour les enseignants du premier degré".
Sur son compte Twitter, l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault appelle pour sa part la majorité à tirer les leçons de la défaite.
"Heureux que la Loire-Atlantique reste à gauche dans ce contexte de défaite pour la majorité qui devra en tirer les leçons", écrit le prédécesseur de Manuel Valls à Matignon.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)