Le président russe Vladimir Poutine rencontre jeudi le Premier ministre indien Narendra Modi avec l'ambition de renforcer ses liens commerciaux avec le géant asiatique au moment où la Russie souffre des sanctions occidentales.
Poutine devrait évoquer le renforcement de la coopération dans le nucléaire, le pétrole, le gaz naturel et le secteur diamantaire à l'occasion de sa première visite en Inde depuis l'accession au pouvoir de Modi en mai.
Le président russe est en quête de nouveaux débouchés pour ses ressources naturelles au moment où l'économie russe souffre des sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole.
Poutine "veut montrer au monde qu'il n'est pas isolé et, dans une certaine mesure il ne l'est pas puisqu'il a toujours les BRICS" (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud en plus de la Russie), estime Nandan Unnikrishnan, expert de la Russie.
"L'Inde est concentrée sur son développement et compte sur la Russie pour obtenir un partage de technologie dans le matériel militaire qui serait fabriqué" en Inde, ajoute l'analyste du think tank Observer Research Foundation à Delhi.
En dépit de liens traditionnellement forts depuis les années 50, les échanges commerciaux entre les deux pays plafonnent à 10 milliards de dollars par an.
Depuis son arrivée au pouvoir en mai, Modi a cherché à se rapprocher avec Barack Obama, qui a accepté de venir en Inde pour les célébrations du Republic Day en janvier.
Mais l'Inde a refusé d'appuyer les sanctions occidentales contre la Russie et ne devrait pas tenir compte des mises en garde de Washington sur le commerce avec les Russes.
Poutine a déclaré peu avant son arrivée en Inde qu'il chercherait à renforcer "le partenariat stratégique privilégié" avec New Delhi, citant la possibilité de conclure un accord pour de nouveaux réacteurs nucléaires et sur les ventes de matériel militaire.
Modi a de son côté déclaré sur twitter que "le lien entre les peuples russe et indien est très fort" et qu'il espérait porter la relation avec Moscou "à de nouveaux sommets".
- Coopération nucléaire -
Cette rencontre survient peu après l'abandon par Moscou du projet de gazoduc South Stream qui devait relier la Russie à l'Europe sans passer par l'Ukraine.
Moscou devrait plaider pour un renforcement des investissements des groupes publics indiens dans les projets gaziers et pétroliers russes, notamment dans l'Arctique.
Poutine cependant a refroidi les attentes indiennes sur un projet de gazoduc vers l'Inde, jugeant qu'il ne serait pas rentable et met plutôt en avant l'accroissement des livraisons de gaz naturel liquéfié.
Dans l'énergie, deux réacteurs nucléaires russes ont été installés dans le sud de l'Inde, aux termes d'un accord ayant pris beaucoup de retard et pour un coût ayant explosé, mais la Russie aimerait que New Delhi s'engage pour de nouvelles tranches.
Sur le plan militaire, la Russie est le premier fournisseur d'armement de l'Inde, lui-même premier importateur mondial de matériel militaire.
Cependant la donne a récemment évolué puisque Moscou a signé avec le Pakistan, rival historique de l'Inde, un accord de coopération militaire et est en négociations pour fournir à Islamabad des hélicoptères de combat.
Par ailleurs, le secteur diamantaire indien table sur la présence de Poutine jeudi à une conférence sectorielle à New Delhi pour renforcer le commerce de diamants entre les deux pays.
La Russie est le premier producteur mondial de diamants bruts et l'Inde, experte dans la taille et le polissage, aimerait que la Russie renforce ses exportations directes vers ses ateliers.