L'Unédic, organisme d'assurance chômage, a prévenu jeudi que son déficit allait se creuser en 2012 à 4,3 milliards d'euros, avec une hausse prévisible des demandeurs d'emplois de 214.200 sur l'année.
Pour l'Unédic, la France franchira donc le cap des 3 millions demandeurs d'emplois sans aucune activité en 2012 (4,4 millions en incluant ceux qui ont une activité réduite).
Pour 2011, elle estime son déficit à 2,4 milliards d'euros et la hausse des demandeurs d'emploi sans aucune activité à 134.200.
Des chiffres qui vont creuser sa dette à 11 milliards pour 2011 et 15,3 milliards pour 2012.
En ajoutant ceux qui ont une activité partielle, elle anticipe au total une hausse de 179.800 demandeurs d'emploi pour 2011 et 230.100 pour 2012.
Ces estimations reposent sur une prévision de croissance de 1,6% en 2011 et 0% en 2012, fondée sur le consensus des analystes. Le gouvernement table encore officiellement sur 1,75% de croissance en 2011.
Ce n'est pas la première fois que l'Unédic connaîtra un tel niveau d'endettement, a relativisé Gaby Bonnand, président de l'Unédic (CFDT).
Pour lui, "ce qui est alarmant c'est la situation de l'emploi et la prévision de croissance de 0%", pas la situation financière de l'organisme qu'il préside.
"Le modèle économique de l'Unédic est extrêmement dépendant de la conjoncture", a rappelé son directeur général, Vincent Destival.
En effet, l'Unédic n'est pas financée directement par l'Etat mais par les salariés et les employeurs, qui cotisent pour l'assurance chômage. Si la masse salariale diminue, les recettes de l'Unédic baissent donc également.
Ces nouvelles prévisions sont beaucoup plus pessimistes que les précédentes. En septembre, l'Unédic tablait sur un déficit de près de 2,5 milliards en 2011 et de seulement 1,8 milliard en 2012, assorti d'une dette de 11 milliards en 2011 et 12,8 milliards en 2012.
Elle prévoyait en outre une hausse de 36.700 des demandeurs d'emploi en 2011 et de 55.500 en 2012, soit nettement moins que les chiffres annoncés jeudi.
Des annonces qui interviennent alors que l'Unédic a perdu son AAA mardi, dans la foulée de la dégradation de la note de la France.
L'agence de notation Standard & Poor's a dégradé d'un cran la note de l'assurance chômage à AA+, avec une perspective négative qui pourrait engendrer une nouvelle dégradation.
"Cette situation ne nous met pas en difficulté supplémentaire dans l'immédiat" et "nous sommes quotidiennement en lien avec les banquiers qui nous indiquent les meilleurs moments pour aller sur les marchés emprunter".
L'Unédic n'a cependant pas encore émis d'obligations depuis sa dégradation mardi. Elle prévoit d'emprunter environ 7 milliards d'euros à long terme en 2012.