Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer juge "probablement nécessaire" que les créanciers privés de la Grèce fassent un effort supplémentaire sur la réduction de leur dette, mais que cela doit "rester un effort volontaire".
Interrogé sur la radio RFI sur la question de savoir s'il faut aller plus loin que la réduction de dette de 21% déjà décidée, M. Noyer a estimé que "c'est probablement nécessaire au point où nous en sommes arrivés".
"Mais ce que nous considérons comme très important à la Banque centrale européenne, c'est que ça reste un effort volontaire", a-t-il souligné.
M. Noyer a observé que "des discussions sont engagées entre les investiseurs et les représentants des Etats membres de la zone euro (...) pour savoir si on doit porter cet effort à un niveau plus élevé" que les 21% de réduction de dette déjà prévus. "C'est tout à fait possible", a-t-il dit.
Les investisseurs "savent très bien que s'ils ne font pas cet effort, ils risquent des choses beaucoup plus importantes", a-t-il ajouté. "Il faut faire tout pour rester dans cette logique d'accord volontaire, parce que sinon c'est le défaut organisé", ce qui "nous paraît dangereux pour l'avenir à long terme", a-t-il dit.
M. Noyer a estimé que la dette grecque est "parfaitement absorbable" par les banques françaises, car leur engagement en dette souveraine grecque est au total de 8 milliards d'euros alors qu'elles ont fait au premier semestre 11 milliards de bénéfices qu'elles ont mis en réserve. "Elles ont déjà provisionné 20%", a-t-il souligné.
"La situation de la Grèce n'a rien à voir avec les autres", a affirmé le gouverneur de la Banque de France.
Il a estimé qu'"on peut exclure tout défaut de l'Italie, de l'Espagne et on doit exclure tout défaut de l'Irlande ou du Portugal" qui "ne veulent absolument pas ne pas payer intégralement jusqu'au dernier centime leur dette".
S'agissant de la recapitalisation des banques françaises, M. Noyer a jugé qu'elles "devraient être capables d'y arriver (...) essentiellement en accumulant des bénéfices en réserve", ce qui "conduira peut-être à des restrictions sur la politique de dividende au printemps prochain", et "le cas échéant, en allant un peu sur les marchés".
"Je considère qu'a priori, l'Etat ne devrait pas avoir besoin d'intervenir. A priori, je pense que ça ne sera pas nécessaire", a-t-il estimé. Si l'Etat était cependant amené à y participer, "il s'agirait d'un investissement temporaire qui, comme la dernière fois, serait remboursé très vite", a-t-il ajouté.
"Il faut que chaque banque accumule les fonds propres pour être capables de résister à ce qui peut arriver" et "nous veillerons à ce qu'elles aient les fonds propres nécessaires, ceux qui seront décidés au niveau européen"', a insisté le gouverneur de la banque de France.
M. Noyer a jugé "très important pour les banques elles-mêmes (...) qu'elles rassurent complètement" car "il y a une inquiétude dans les marchés" et "ça veut dire qu'il y a un risque de difficulté de refinancement des banques dans le marché" et "donc un risque qui pèse sur le bon financement de l'économie".
Interrogé sur la croissance, il a observé "un moment d'incertitude très grand", mais "personne ne fait l'hypothèse d'une récession l'année prochaine", a-t-il ajouté.
"C'est cette incertitude qu'il faut lever. Si nous parvenons à ramener la confiance (...) nous pouvons avoir un redémarrage de la croissance et une croissance forte l'année prochaine. C'est le point essentiel", a-t-il conclu.