PARIS (Reuters) - Le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, a dit jeudi attendre des arbitrages rapides du gouvernement sur son projet pour le groupe public et assure que celui-ci apportera son "soutien" à la "transformation" qu'il entend mener.
Dans un courriel adressé aux salariés de Radio France et que Reuters a pu consulter, Mathieu Gallet explique avoir eu un entretien "très constructif" avec Fleur Pellerin, qui l'a reçu jeudi matin. La ministre de la Culture a jugé le rendez-vous "très positif" à son arrivée à Matignon pour une réunion gouvernementale, à la mi-journée.
Mis en difficulté par les révélations sur le coût de rénovation de son bureau, dans une période de disette budgétaire pour Radio France, qui prévoit 21,3 millions d'euros de déficit cette année, et par le conflit social en cours, Mathieu Gallet exclut de démissionner.
"Bien sûr", a-t-il dit en fin de journée sur iTELE, à la question de savoir s'il restait en poste. "J'ai été nommé pour cinq ans (...) Seul le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut me retirer mon mandat. Le CSA m'a renouvelé sa confiance."
Mathieu Gallet a démenti les informations du Canard enchaîné au sujet de dépenses qu'il aurait réalisées lorsqu'il dirigeait l'Ina, s'est dit victime d'une "cabale" et assure, dans le courriel envoyé aux salariés, avoir le soutien du gouvernement.
"L'Etat devrait rapidement arbitrer sur le projet que j'ai présenté et témoigner son soutien à Radio France et à la transformation que nous allons porter ensemble."
Ce projet stratégique doit permettre d'orienter les décisions du gouvernement dans le cadre du contrat d'objectifs et de moyens 2015-2019. Le chiffre d'affaires de Radio France, qui est détenu à 100% par l'État, provient à 90 % du produit de la redevance.
"SI RIEN N'EST FAIT, ON NE PASSERA PAS L'ÉTÉ"
Les syndicats disent redouter des économies et donc un plan de départs massif, Mathieu Gallet ayant proposé un plan de départs, de seniors notamment, dans le cadre d'une politique qui doit permettre de réaliser 50 millions d'euros d'économies.
"Il y a bien sûr un problème financier à Radio France actuellement. La trésorerie est à sec, si rien n'est fait, on ne passera pas l'été", a-t-il dit plus tard sur iTELE.
"Pour 2015, 2016, 2017 la dotation (de l'Etat) sera la même. Il va falloir (...) faire des économies mais surtout dans le cadre d'un projet de développement. On ne peut pas dire à Radio France : 'pendant cinq ans, ce sera du sang et des larmes'."
A cet effet, Mathieu Gallet affirme vouloir reprendre le dialogue social que plusieurs salariés disent "inexistant" et appelle à "faire la preuve de notre capacité à nous réformer plutôt que de nous voir imposer des réformes par d'autres", après la publication d'un rapport sévère de la Cour des comptes.
Celle-ci propose notamment de fusionner les rédactions, ce à quoi le président dit être opposé, et d'externaliser un certain nombre d'activités.
Mathieu Gallet précise dans le courriel avoir convié un comité central d'entreprise extraordinaire mercredi prochain pour présenter son projet stratégique aux élus, et appelle à la fin de la grève qui paralyse les antennes depuis 15 jours.
Le syndicat national des journalistes (SNJ), qui n'est pas associé à la grève, a appelé à cesser le travail vendredi, alors que le mouvement a été reconduit lors d'une assemblée générale.
"Ma conviction aujourd'hui, c'est que le silence de nos antennes et de nos formations musicales nous affaiblit désormais plus qu'il ne nous sert", dit Mathieu Gallet selon qui la grève coûte un million d'euros par semaine au groupe.
(Gregory Blachier, édité par Yves Clarisse)