PARIS (Reuters) - Le gouvernement a réitéré mardi sa volonté d'aller de l'avant sur la généralisation du tiers payant, sans pour autant fermer la porte à des négociations sur sa mise en oeuvre avec les médecins généralistes, vent debout contre cette réforme.
La ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a déclaré sur BFM TV que le tiers payant, qui permet aux patients de pas avancer d'argent lors d'une consultation, était "un élément fondamental" de son projet de loi santé.
Elle s'est engagée à mettre en place un système, "simple", "rapide et efficace", comme l'a demandé lundi François Hollande.
"Le tiers payant est un des socles de la loi (...) évidemment qu'il sera maintenu", a-t-elle dit, alors que les médecins généralistes étaient appelés mardi à une nouvelle journée de fermeture de leurs cabinets par les syndicats.
Sur France 2, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a souligné pour sa part qu'il constituait "un progrès pour tous les patients, un engagement pris dans le cadre de la préparation et la présentation de cette loi" qui sera débattue au printemps au Parlement.
"Il faut tout faire pour mettre en oeuvre le tiers payant mais le faire en écoutant et en respectant ce que disent les médecins", a-t-il ajouté.
Marisol Touraine a revendiqué le soutien des associations de patients et de consommateurs ainsi que des syndicats et mis en garde les médecins, appelés par leurs syndicats à boycotter la Carte vitale et à revenir aux feuilles de remboursements de soins.
UN COMBAT POUR LA SAUVEGARDE DU SYSTÈME FRANÇAIS
"Je leur dis avec une certaine solennité que ce ne serait pas responsable vis-à-vis de leurs patients", a-t-elle déclaré, en soulignant que, avec l'arrêt de la télétransmission des feuilles de soins, "on passera de quelques jours (pour le) remboursement à plusieurs semaines."
"Je n'imagine pas qu'un médecin qui est rémunéré pour télétransmettre ne se préoccupe pas de la situation dans laquelle sont ses patients", a ajouté la ministre, qui doit recevoir mardi et mercredi les deux principaux syndicats de médecins généralistes, MG France et la CSMF.
Dans un communiqué, cette dernière dit que son combat contre l'extension du tiers payant "est un combat pour la sauvegarde du système de soins libéral à la française, celui auquel les patients sont attachés et que de nombreux pays nous envient".
Elle aurait pour conséquence, selon l'organisation, "de transformer les médecins libéraux en bureaucrates pour tenter de récupérer leurs honoraires éclatés entre les caisses d'assurance maladie et les quelque 500 régimes complémentaires santé", mais aussi "de faire exploser la consommation médicale, puisque les soins apparaîtront comme gratuits."
Jean-Paul Hamon, président de la FMF (Fédération des médecins de France), a accusé pour sa part Marisol Touraine de vouloir "noyer sous la paperasse" les médecins.
"Elle appelle à notre responsabilité en ce qui concerne le tiers payant mais je vous assure que les patients nous soutiennent intégralement", a-t-il dit.
Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a prévu de rencontrer ce mardi les représentants d'une dizaine de d'organisations de médecins et de pharmaciens.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)