Le géant de la chimie, le groupe Bayer, promet vendredi une "impasse agronomique et économique" pour l'agriculture française après le vote des députés en faveur d'une interdiction prochaine des insecticides néonicotinoïdes, jugés néfastes aux abeilles.
"L'interdiction des produits de la famille des néonicotinoïdes résonne pour nous comme un très décevant manque de vision long terme dans un contexte de crise agricole", indique le président de Bayer France Frank Garnier, cité dans un communiqué du groupe.
Selon lui "aucun nouvel élément scientifique ne démontre que la suppression de ces produits apporterait des réponses efficaces aux causes du dépérissement des abeilles".
M. Garnier dénonce "une mesure de court-terme qui prétend résoudre une question complexe et des enjeux à long-terme": "Au-delà de nos produits, il s'agit une fois encore d'une véritable atteinte à la compétitivité des agriculteurs français à qui nous supprimons petit à petit leurs outils de production alors que leurs voisins européens continuent très largement à les utiliser", affirme-t-il.
Bayer explique que certains agriculteurs risquent de "se retrouver dans de véritables impasses pour protéger leurs cultures": il cite le cas de "certaines productions arboricoles comme les noisettes, mais aussi pour certains usages en maïs, céréales et en betterave" qui pourraient selon lui "voir leur récolte chuter de 15 à 40% en fonction des cultures, à la suite du retour de certaines maladies comme la jaunisse virale ou de ravageurs comme les pucerons".
L'Assemblée nationale a voté jeudi soir, après deux heures de débat intense, l'interdiction, sans dérogation, des néonicotinoïdes au 1er septembre 2018. Cependant, le texte repartira au Sénat avant de revenir à l'Assemblée.
À l'initiative de la France, l'Union européenne a restreint certains usages des néonicotinoïdes en 2013, mais ils sont encore très largement utilisés.
Dans une démarche inhabituelle, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait adressé aux députés une lettre pour les appeler à ne pas adopter des "interdictions brutales" au seul niveau français, afin d'éviter les "distorsions" de concurrence avec les autres agriculteurs européens.