par Carolyn Cohn
LONDRES (Reuters) - Allianz (DE:ALVG) a laissé entendre vendredi qu'il pourrait restituer des liquidités aux actionnaires après avoir fait état d'un bénéfice trimestriel supérieur aux prévisions et d'une première collecte nette depuis plus de trois ans pour son gérant de fonds américain Pimco.
Les concurrents Eurich et Generali (MI:GASI) ont également réalisé de belles performances trimestrielles, le secteur de l'assurance dans son ensemble s'employant à s'acclimater à un environnement de taux ultra-bas.
Pimco a enregistré au troisième trimestre une collecte nette de 4,7 milliards d'euros, une première depuis le deuxième trimestre 2013.
"La nouvelle la plus positive (...) est que la gestion d'actifs et Pimco en particulier n'ont plus de décollecte nette", dit Thorsten Wenzel, analyste de DZ Bank, tout en restant acheteur sur le titre.
Les avoirs des fonds communs de placement ont augmenté de 6,9% dans le monde sur une période de 12 mois à fin septembre, selon des données de Lipper, l'essentiel de la collecte - soit 410 milliards de dollars - allant à des fonds obligataires.
Pimco a subi des années durant la décollecte de plusieurs de ses grands fonds, dont le fameux Pimco Total (PA:TOTF) Return Fund, que le co-fondateur Bill Gross a quitté en 2014 pour rejoindre Janus Capital.
Le fonds américain a engagé Emmanuel "Manny" Roman, transfuge de MAN Group, le premier fonds spéculatif coté mondial, comme directeur général. Ce dernier a pris ses fonctions la semaine dernière.
L'action Allianz gagne 2,8% en Bourse de Francfort, après avoir inscrit en séance un plus haut de six mois et demi, tandis que l'indice sectoriel européen avance de 0,5%.
Le premier assureur européen a vu son bénéfice net augmenter de 37% au troisième trimestre à 1,86 milliard d'euros, au-dessus des attentes des banques et des courtiers interrogés par Reuters qui prévoyaient 1,58 milliard.
Le bénéfice d'exploitation a crû de 18% à 2,90 milliards d'euros alors que le consensus le donnait à 2,61 milliards. Sur neuf mois, il s'élève à 8,01 milliards d'euros.
Le ratio combiné, une mesure de la rentabilité, s'est amélioré en passant à 93,5% contre 94,1% un an plus tôt. Un ratio inférieur à 100% signale une situation bénéficiaire.
Allianz a confirmé son objectif d'un bénéfice d'exploitation annuel de 10,5 milliards d'euros, plus ou moins 500 millions.
L'assureur allemand dispose de 2,5 milliards d'euros pour des acquisitions d'ici la fin de l'année et tout reliquat de cette somme non employé à des M&A (fusions-acquisitions) pourrait être consacré à des rachats de titres, a dit le directeur financier Dieter Wemmer.
"Beaucoup de choses sont a priori intéressantes pour nous mais le marché des M&A n'est pas particulièrement actif", a-t-il déclaré. "Il n'est pas facile de trouver quelque chose d'intéressant à un prix raisonnable".
Le marché des M&A a connu une année 2015 flambloyante dans le secteur de l'assurance mais il s'est calmé cette année, beaucoup d'intervenants parlant de valorisations devenues trop élevées.
Il est probable toutefois que la gestion d'actifs connaîtra d'autres opérations de ce genre, à la suite de l'annonce de la fusion, début octobre, du britannique Henderson Global Investors et de l'américain Janus Capital, face à la concurrence accrue des fonds indiciels.
Dieter Wemmer n'a fait aucun commentaire quant à la possibilité qu'Allianz soit intéressé par la filiale de gestion d'actifs de Deutsche Bank (DE:DBKGn). Les conjectures vont bon train sur l'hypothèse d'une vente de cet actif par la première banque allemande, exposée à une très lourde amende aux Etats-Unis.
(Bertrand Boucey et Wilfrid Exbrayat pour le service français)