Alafandi Petroleum Group (APG), candidat à la reprise de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, dit vouloir injecter des milliards d'euros sur ce site en difficulté, mais d'énormes interrogations entourent cette entreprise.
Alafandi Petroleum Group se présente, selon son site internet, comme une entreprise majeure du secteur pétrolier et gazier basée à Hong Kong et affichant des objectifs très ambitieux.
Elle affirme disposer de réserves prouvées d'hydrocarbures représentant 272 millions de barils équivalent pétrole, et de raffineries situées sur plusieurs continents. APG dit vouloir injecter 2,5 milliards d'euros en quatre ans à Petit-Couronne, si son offre est retenue.
Mais selon le registre du commerce hong-kongais, consultable sur internet, la seule société inscrite sous ce nom n'a été enregistrée que le 10 juillet 2012. De plus, les affirmations du groupe sur l'importance de ses actifs ne sont étayées par aucun document et un entrepreneur ayant eu affaire à son dirigeant, Ramzi Alafandi, a mis en cause sa réputation.
Biocarburants
APG assure travailler sur la fabrication de biocarburants à partir de CO2, et diffuse sur son site internet une vidéo présentant les travaux à ce sujet de la société spécialisée BFS (Bio Fuel Systems), basée en Espagne.
Contacté par l'AFP, le président de BFS, Bernard Stroïazzo-Mougin, a pris ses distances avec M. Alafandi, affirmant que ce dernier lui avait fait miroiter des financements qui ne se sont jamais matérialisés.
"M. Alafandi s'est présenté il y a trois ans à peu près en promettant des financements pour le développement de nos procédés, ce qui n'a jamais été conclu car il n'a jamais amené ces financements. Il nous a promis monts et merveilles, et puis finalement nous sommes rendu compte qu'il n'y avait rien du tout derrière", a expliqué le président de BFS.
"Alafandi, pour nous, est hors de course, et en aucun cas notre technologie ne lui appartient, et nous allons intenter un procès contre lui pour l'utilisation de notre matériel vidéo sans notre autorisation", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, comme l'avait relaté le quotidien le Monde la semaine dernière, le patron du groupe, Ramzi Al Afandi, avait annoncé en 2007, lors d'un gala de charité, faire un don de 2 millions de dollars (1,6 millions d'euros) à la Fondation Unesco - Education des enfants en détresse.
Mais selon un courriel d'un responsable de la fondation, dont l'AFP a obtenu une copie, la somme promise n'a jamais été versée.
Volte-face
Alafandi Petroleum Group a opéré une étonnante volte-face la semaine dernière, en annonçant vendredi le retrait de son offre pour Petit-Couronne, au prétexte d'un désaccord avec le groupe Shell, qui assure pour le moment l'activité de la raffinerie grâce à un contrat ponctuel. Avant de se rétracter le lendemain, d'après la direction du site.
Sollicité par l'AFP, Alafandi Petroleum Group n'a pas répondu aux demandes d'éclaircissements de ces informations.
Le tribunal de commerce de Rouen doit examiner mardi les deux offres de reprise de la raffinerie de Petit-Couronne. L'autre candidat en lice est le groupe NetOil, dont le siège est à Dubaï.
En théorie, le tribunal pourrait se prononcer dès mardi sur l'avenir du site, mais compte tenu de la complexité du dossier, il est probable qu'il mette sa décision en délibéré.