Le géant britannique de la distribution Tesco (LON:TSCO) a publié vendredi de solides ventes pour le premier trimestre, résistant à un contexte morose pour la consommation au Royaume-Uni sur fond d'accélération de l'inflation.
Le chiffre d'affaires a progressé de 3,6% au premier trimestre de son exercice 2017-2018, grâce en particulier à la bonne tenue de ses ventes au Royaume-Uni, selon un communiqué.
La hausse du chiffre d'affaires en données comparables (c'est-à-dire hors effet d'ouverture et de fermeture de magasins) s'élève à 1% pour l'ensemble du groupe, essentiellement grâce au Royaume-Uni, son principal marché. Il s'agit du sixième trimestre consécutif de croissance.
Lors de la période de 13 semaines achevée le 27 mai, qui correspond au premier trimestre, Tesco a enregistré au Royaume-Uni une hausse des ventes de 2,3% à données comparables.
Ce chiffre marque une nette accélération par rapport à l'exercice précédent, malgré le ralentissement de la consommation des ménages observé dans le pays, en raison de la poussée actuelle de l'inflation, qui se rapproche des 3% en rythme annuel.
Les grandes enseignes de distribution doivent composer depuis le vote pour le Brexit en juin 2016 avec la baisse de la livre qui renchérit considérablement le coût des biens importés ce qui les contraint soit à resserrer leurs marges, soit à répercuter cette hausse sur les étiquettes au risque de perdre des clients.
"Dans des conditions de marché difficiles, nous sommes restés fidèles à notre engagement d'aider les consommateurs, en travaillant étroitement avec nos fournisseurs pour garder les prix bas", explique dans le communiqué le directeur général Dave Lewis, dont l'engagement est de redonner la priorité au client.
"Les clients ont répondu en achetant davantage chez nous et en conséquence nous continuons à croître en volume, particulièrement dans les aliments frais", note-t-il.
Les performances à l'international sont plus contrastées. Hors Royaume-Uni et Irlande, le chiffre d'affaires bondit de 9,6%, mais essentiellement grâce à la baisse de la livre qui a pour autre effet de gonfler la valeur des résultats réalisés dans d'autres devises une fois convertis en devise britannique.
Sans cet effet de change favorable et à données comparables, les ventes à l'étranger ont reculé de 3%, en raison d'un marché difficile en Thaïlande, notamment dans la vente de tabac et d'alcool.
- Force de frappe -
Le groupe "défie des données plutôt moroses concernant le secteur de la distribution britannique avec des ventes au détail en baisse, une inflation en hausse, un recul des salaires réels et des résultats piteux de DFS (spécialiste de l'ameublement, NDLR) cette semaine", observe Neil Wilson, analyste chez ETX Capital.
Le début d'exercice est encourageant pour Tesco, qui confirme son redressement après avoir tourné la page d'un scandale comptable lors de l'exercice précédent de 2016-2017, ce qui avait engendré une perte.
La question est désormais de savoir si le groupe est capable d'augmenter à la fois ses ventes et sa rentabilité, malgré les pressions exercées sur les marges, alors qu'il mène en parallèle un vaste plan d'économies d'un montant total de 1,5 milliard de livres.
Sa place de numéro un sur le marché lui permet de négocier les meilleurs prix avec ses fournisseurs, d'autant que sa force de frappe est encore plus importante avec l'acquisition de Booker, le premier grossiste britannique.
"Tant que Tesco utilise sa force pour donner le ton sur les coûts il devrait continuer à s'en sortir, en particulier si l'opération avec Booker lui donne un levier supplémentaire auprès des fournisseurs", explique M. Wilson.
Les investisseurs ne savaient pas quant à eux sur quel pied danser. Le titre a bondi de 4,5% dans les premiers échanges mais a faibli par la suite si bien qu'il perdait 0,67% à 178,75 pence vers 09H00 GMT à la Bourse de Londres alors que le marché s'inscrivait en hausse.