par Paul Taylor, Jean-Baptiste Vey et Kylie MacLellan
BRUXELLES (Reuters) - Le bras de fer se poursuit vendredi soir à Bruxelles entre le Royaume-Uni et les dirigeants européens pour parvenir à un accord visant à convaincre les Britanniques de rester dans l'Union européenne.
Alors que les rencontres bilatérales se succèdent depuis la fin de la matinée, plusieurs points de blocage persistent, provoquant les reports successifs de la réunion plénière des chefs d'Etat et de gouvernement, d'abord à 14h30, puis 15h30, 16h00, puis à 20h00.
"La situation est critique", a dit un responsable européen. "La réunion des dirigeants a été repoussée au plus tôt au dîner, et il leur a été demandé de réserver des hôtels pour demain." Selon un autre responsable, "il y a une chance, une bonne chance de pouvoir boucler les discussions, nous l'espérons lors du dîner".
"Ça bloque sur deux sujets", a dit François Hollande, interrogé sur France Inter, en évoquant le risque de dislocation de l'Union européenne.
Le président français a tout d'abord cité le désir du Premier ministre britannique, David Cameron, d'un "statut un peu particulier" pour la réglementation et la supervision des institutions financières britanniques.
"Je ne peux pas l'accepter", a-t-il dit. "Il ne peut pas y avoir de règles particulières pour la City."
Le deuxième sujet de blocage, a confirmé François Hollande, concerne la réduction des prestations sociales voulue par David Cameron, notamment des allocations familiales, dont bénéficient les salariés d'autres pays de l'UE installés en Grande-Bretagne.
"C'est là que ça bloque le plus parce qu'il y a beaucoup de pays qui n'acceptent pas qu'il y ait ce traitement différencié."
Tomas Prouza, secrétaire d'Etat tchèque aux Affaires européennes, dont le pays demande de limiter la réduction des prestations sociales, s'est dit "de plus en plus perplexe à mesure que le temps passe devant l'approche britannique de refus de toute négociation".
Pour François Hollande, il s'agit de permettre à David Cameron "de pouvoir ressortir du Conseil en disant que les intérêts de la Grande-Bretagne ont été pris en compte mais qu'ils n'ont pas été pris en compte au détriment de l'Europe".
TENSIONS AVEC LA GRÈCE
David Cameron a répété en arrivant au Conseil européen pour ce second jour de négociations qu'il ne signerait que si ses demandes étaient satisfaites.
La situation s'est envenimée dans la journée à propos de la crise des réfugiés, l'autre sujet à l'ordre du jour, les Grecs menaçant de ne pas signer l'accord sur le Royaume-Uni s'ils n'obtenaient pas d'assurance sur la non fermeture des frontières par des membres de l'Union.
A son arrivée à Bruxelles jeudi, le Premier ministre britannique avait souhaité conclure "un accord suffisamment fort pour convaincre le peuple britannique" (...) et "régler ce problème pour une génération".
David Cameron, qui entend commencer les démarches pour tenir le référendum sur le maintien ou pas de son pays dans l'Union européenne, probablement le 23 juin, aussitôt un accord conclu, prévoyait initialement de réunir son gouvernement vendredi soir à Londres pour présenter les conclusions du sommet européen. Il a annoncé en fin d'après-midi sur Twitter que ce conseil des ministres n'aurait pas lieu.
Les Britanniques sont partagés sur la question. Selon un sondage TNS publié vendredi, les personnes favorables à une sortie de l'Union européenne ont deux points d'avance sur les partisans du maintien, à 36% contre 34%.
(Avec Gabriela Baczynska et la rédaction européenne de Reuters, Jan Lopatka à Prague et Emmanuel Jarry à Paris, édité par Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié)