par Guy Faulconbridge et Michael Holden
LONDRES (Reuters) - Répétition titre.
A vingt-quatre heures du référendum sur l'avenir européen du Royaume-Uni, les deux camps ont jeté mercredi leurs dernières forces dans la bataille, tentant de faire basculer les indécis qui détiennent une des clefs du vote.
L'issue de cette consultation, sur fond de montée de sentiments anti-UE à l'échelle continentale, déterminera aussi l'avenir de la construction européenne. Et une victoire du Brexit serait de nature à déclencher une tempête sur les marchés financiers, déjà très nerveux.
"C'est très serré, nul ne sait ce qui va se passer", déclare David Cameron mercredi dans le Financial Times. Le Premier ministre britannique, qui a pris le risque de ce référendum face à la rébellion d'une partie de son camp conservateur et à la montée du parti anti-immigration UKIP, conduit le camp du "In". Son avenir politique est aussi en jeu.
La veille, dans une allocution solennelle prononcée devant le 10, Downing Street, il a appelé les électeurs à la responsabilité, les prévenant qu'une sortie de l'UE serait "irréversible".
"Brits don't quit!", a-t-il dit en référence à une citation de Churchill lors de la Seconde Guerre mondiale. "Dans l'isoloir, vous serez seul. Vous serez seul avec vous-même, pour prendre une décision qui affectera votre avenir, l'avenir de vos enfants et de vos petits-enfants."
"PROJECT FEAR" CONTRE "PROJECT HATE"
Chef de file du camp du "Out", Boris Johnson, qui sillonnera toute la journée de mercredi le pays en hélicoptère pour un ultime appel à la mobilisation, a déclaré pour sa part que ce jeudi 23 juin pourrait être "le jour de l'indépendance de notre pays".
L'ex-maire conservateur de Londres et désormais rival de Cameron pour le poste de Premier ministre s'exprimait mardi soir lors d'un débat retransmis en direct à la télévision depuis la Wembley Arena, une salle de concerts où avaient pris place plus de 6.000 personnes.
Son contradicteur, le maire travailliste de Londres Sadiq Khan, l'a accusé d'avoir orchestré un "Project Hate", une campagne de haine fondée sur l'exploitation des peurs liées à l'immigration et véritable pendant du "Project Fear" dénoncé par les partisans du Brexit pour évoquer la campagne des partisans d'un "Bremain" axée sur les répercussions économiques d'un divorce avec l'Europe.
Le vote de jeudi se déroulera une semaine jour pour jour après le meurtre de la députée travailliste Jo Cox, tuée par balles et à l'arme blanche alors qu'elle s'apprêtait à tenir sa permanence électorale dans sa circonscription de Birstall, près de Leeds.
Agée de 41 ans, élue pour la première fois à Westminster en 2015, Jo Cox militait pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Elle s'était également investie dans l'accueil des réfugiés syriens. Inculpé d'assassinat et présenté samedi à un juge, son meurtrier présumé, Thomas Mair, a déclaré "Mort aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne" lorsque le magistrat lui a demandé de décliner son identité.
Le meurtre de la députée travailliste a sidéré le Royaume-Uni et conduit les états-majors des deux camps à suspendre quelques jours leur campagne.
Depuis sa mort, certains instituts de sondage ont mesuré un regain des partisans du maintien dans l'UE, mais les intentions de vote restent extrêmement serrées et l'écart entre les deux camps souvent compris dans la marge d'erreur.
LONGUE NUIT
Jeudi, les bureaux de vote ouvriront à 06h00 GMT et fermeront à 21h00 GMT. Des résultats partiels et les chiffres de la participation seront connus dans la nuit à partir de 01h00 GMT. Le résultat officiel sera proclamé vendredi après 06h00 GMT.
La participation, le comportement des électeurs travaillistes, les premiers résultats dans des circonscriptions très marquées seront autant d'indicateurs précieux.
Sunderland, dans le nord-est de l'Angleterre, devrait ainsi être l'une des premières circonscriptions à faire connaître ses résultats (vers 23h30 GMT jeudi).
Avec sa population plutôt âgée et ses électeurs aux revenus modestes, elle est d'après les sondages plus encline à voter pour le Brexit. Si le camp du "Out" n'y est pas fortement en tête, cela pourra signifier qu'il aura fort à faire pour s'imposer dans les circonscriptions moins favorables à ses idées.
A l'inverse, l'Ecosse est considérée comme une région favorable au maintien. Toute annonce de résultat dans cette région, comme à Stirling vers 00h30 GMT, pourra permettre de savoir si le camp du "In" est en difficulté ou non.
VOIR AUSSI
LE POINT sur le référendum:
ENCADRE Les points à surveiller après la clôture du scrutin:
(Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)