par Claude Canellas
BORDEAUX (Reuters) - Les avocats des parties civiles ont dénoncé jeudi l'existence d'une "association de malfaiteurs" qui auraient abusé de la faiblesse de Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, et brisé selon eux une famille unie.
L'affaire jugée à Bordeaux, où comparaissent dix prévenus, dont l'ancien ministre UMP Eric Woerth, a débuté par la plainte de la fille de l'héritière de L'Oréal.
Me Nicolas Huc-Morel, avocat de Françoise Bettencourt-Meyers et de ses deux enfants, a ouvert les plaidoiries en lisant une lettre adressée par la fille à sa mère en janvier 2008 après avoir déposé une plainte contre X pour abus de faiblesse.
Dans ce courrier transparaît la volonté de la signataire de persuader sa mère, alors âgée de 83 ans, que sa démarche "n'est pas une déclaration de guerre contre elle mais un acte d'amour", selon Me Morel.
"La plainte, ce n'est pas une affaire de sous, pas une affaire de succession comme on voudrait nous le faire croire, mais c'est une histoire de famille", a souligné l'avocat.
Pour lui "c'est l'histoire d'une famille unie, heureuse, mais aussi une famille convoitée par des personnes mal intentionnées qui n'ont pas hésité à chercher à la briser pour parvenir à leurs fins".
Il a dénoncé François-Marie Banier, photographe et confident, poursuivi pour avoir obtenu plus de 400 millions d'euros de dons et de legs divers, et l'avocat Pascal Wilhelm pour avoir incité Liliane Bettencourt dont il était le conseil à investir 143 millions d'euros dans la société de Stéphane Courbit dont il était l'avocat.
"CABINET NOIR"
Arnaud Dupin, avocat d'Olivier Pelat, tuteur de Liliane Bettencourt, a souligné que Liliane Bettencourt "est bien victime de tous les prévenus" et dénoncé "un cabinet noir" constitué autour d'elle, "une cellule savamment orchestrée qui a oeuvré pour constituer des entraves à la justice".
Me Benoît Ducos-Ader, également pour le tuteur, a dit avoir eu "un sentiment de honte et de tristesse" pour les prévenus.
"La brochette n'est pas banale. Il nous manque un président de la République, ça aurait pu arriver", a-t-il dit en faisant référence à Nicolas Sarkozy qui avait été mis en examen dans ce dossier avant de bénéficier d'un non-lieu.
"On a un ministre qui est aujourd'hui un intermittent du spectacle", a ajouté l'avocat à propos d'Eric Woerth.
Il a parlé d'une "association de malfaiteurs" entre François- Marie Banier et Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt.
Dix prévenus comparaissent devant le tribunal de Bordeaux pour des abus de faiblesse dont aurait été victime Liliane Bettencourt depuis le mois de septembre 2006, date à laquelle une expertise médicale a daté le début de l'état de vulnérabilité de la milliardaire.
La journée de vendredi sera consacrée aux réquisitions du parquet, les plaidoiries de la défense sont prévues de lundi à mercredi.
(édité par Yves Clarisse)