Le géant gazier russe Gazprom a publié vendredi un bénéfice net en chute de 34% au titre du premier semestre de son exercice décalé, en raison de la baisse de ses ventes et d'une détérioration de sa rentabilité qui s'est accélérée pendant l'été.
Le bénéfice net s'est établi à 508 milliards de roubles (12,5 milliards d'euros) entre avril et septembre, a précisé le groupe public dans un communiqué. Le chiffre d'affaires a reculé de 5%, à 2.230 milliards de roubles (55,1 milliards d'euros).
Sur le seul deuxième trimestre (juillet à septembre), le bénéfice net a plongé de 50% à 150 milliards de roubles (3,7 milliards d'euros), ce qui reste toutefois un peu supérieur aux prévisions des analystes interrogés par l'agence DowJones Newswires.
Le chiffre d'affaires a, lui, reculé de 2,4% à 1.005 milliards de roubles (24,8 milliards d'euros), un chiffre également meilleur qu'attendu.
Le groupe a subi une baisse de 15% de ses ventes de gaz sur le semestre, à 1.244 milliards de roubles (30,7 milliards d'euros). Les livraisons de gaz vers la région "Europe et autres pays" ont reculé de 1% en valeur à 731 milliards de roubles (18 milliards d'euros), mais de 10% en volume.
Cette baisse des volumes a été compensée en grande partie par une augmentation des prix (+13%), a précisé Gazprom.
Ce repli était attendu par les analystes en raison de la crise économique en Europe, dont Gazprom fournit un quart de la consommation et où plusieurs gros clients ont contesté récemment les clauses d'achat ferme leur imposant de régler le gaz prévu dans le contrat même s'ils ne l'utilisent pas.
"Les prix vers l'Europe sont ressortis 8% plus faibles que ce que nous prévoyions. C'est un signe inquiétant qui indique que nous avons sous-estimé les effets des récentes révisions de contrats", ont souligné les analystes de la Deutsche Bank.
La diminution des livraisons est encore plus marquée vers les pays de l'ex-Union soviétique (-23% en valeur, -29% en volume) à 256 milliards de roubles (6,3 milliards d'euros).
En Russie, les livraisons de gaz s'affichent en baisse de 6% en volume et de 2% en valeur à 389 milliards de roubles (9,6 milliards d'euros) au premier semestre.
Du côté du pétrole, qui a représenté sur la période 5% des ventes, elles ont atteint 129 milliards de roubles (3,2 milliards d'euros) sur la période, soit un bond de 10% par rapport au premier semestre 2011. Le groupe a fait part lundi de son intention de se lancer dans l'exploitation du pétrole de schiste, notamment sur vaste gisement dans l'ouest de la Sibérie où il est partenaire avec Shell.
Gazprom, véritable empire bâti sur des structures de production de gaz héritées de l'Union soviétique, contrôle plus d'un quart des réserves mondiales de gaz. Mais son orientation vers le marché européen, où la demande marque le pas, fait craindre qu'il ne se retrouve en situation de surproduction.
Il a lancé fin octobre la mise en exploitation de l'immense gisement de Bovanenkovskoïe dans la péninsule de Iamal dans l'Arctique, une des régions les plus inhospitalières au monde.
Le groupe cherche à s'orienter vers le marché asiatique, où les prix sont relativement élevés et la demande plus solide, et a annoncé cette semaine qu'il prévoyait de dépenser près de 30 milliards d'euros pour extraire du gaz du gisement de Tchaïanda en Sibérie et bâtir un gazoduc de plus de 3.000 kilomètres pour le transporter vers Vladivostok, dans l'Extrême Orient.