DUBAI (Reuters) - Le président syrien Bachar al Assad a effectué vendredi aux Emirats arabes unis sa première visite dans un pays arabe depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, symbole du réchauffement des liens entre Damas et cet allié des Etats-Unis qui avait financé à une époque la rébellion syrienne.
Dans un communiqué, le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, a déclaré que les Etats-Unis étaient "profondément déçus et troublés par cette tentative apparente de légitimer" Bachar al Assad.
"Nous exhortons les Etats envisageant un rapprochement avec le régime Assad de réfléchir attentivement aux atrocités commises par ce régime contre les Syriens au cours de la dernière décennie", a-t-il dit.
Les Etats-Unis ont déploré les efforts de plusieurs pays arabes visant à réhabiliter Bachar al Assad ou normaliser leurs liens avec la Syrie tant qu'une solution politique n'est pas trouvée au conflit. Washington avait ainsi exprimé son inquiétude lorsque le ministre des Affaires étrangères des Emirats s'était rendu en novembre dernier à Damas.
Mais les Emirats comme l'Arabie saoudite ont pris leurs distances avec l'administration américaine lorsque celle-ci a cessé de soutenir leur effort de guerre au Yémen et imposé des conditions sur leurs ventes d'armes aux monarchies du Golfe.
Bachar al Assad a rencontré le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohamed ben Zaïed al-Nahyan, qui a "souligné que la Syrie est un pilier fondamental de la sécurité arabe, et que les Emirats arabes unis ont hâte de renforcer la coopération avec elle", a rapporté l'agence de presse émiratie WAM.
Cheikh Mohamed a "exprimé le souhait que cette visite permette à la paix et la stabilité de prévaloir en Syrie et dans toute la région", a ajouté l'agence WAM.
Bachar al Assad a également rencontré le vice-président et Premier ministre des Emirats arabes unis, l'émir de Dubaï Mohamed ben Rachid al-Maktoum, selon la présidence syrienne.
Les seuls voyages à l'étranger de Bachar al Assad depuis le début de la guerre, qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés, s'étaient cantonnés jusqu'ici à l'Iran et la Russie, ses deux alliés qui lui ont permis de renverser le cours du conflit face aux rebelles.
(Reportage Moataz Mohamed, avec Eric Beech à Washington; rédigé par Tom Perry, version française Jean-Stéphane Brosse)