CIUDAD JUAREZ, Mexique (Reuters) - Le pape François célèbre mercredi, au dernier jour de son voyage apostolique au Mexique, une messe à Ciudad Juarez, à la frontière des Etats-Unis, point de passage pour les migrants où la violence liée au trafic de drogue a fait pendant des années des milliers de morts.
Il priera pour les migrants qui sont prêts à risquer leur vie et les pires violences pour gagner les Etats-Unis.
Les candidats à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle américaine de novembre ont fait de la lutte contre l'immigration illégale l'un de leurs principaux thèmes de campagne.
L'homme d'affaires Donald Trump, notamment, a accusé le Mexique de "tuer" les Etats-Unis avec sa main d'oeuvre à bon marché et l'envoi sur le territoire américain "de criminels, trafiquants de drogue et autres violeurs".
La semaine dernière, Donald Trump a présenté le pape comme quelqu'un de "très politique", suggérant que le gouvernement mexicain l'avait convaincu de célébrer cette messe "transfrontalière" à Ciudad Juarez.
"Laisser entendre que le pape est un instrument du gouvernement mexicain, non... C'est vraiment très étrange", a répondu le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, peu avant l'arrivée du pape dans la ville-frontière.
"Le pape parle toujours des problèmes liés à l'immigration. Si M. Trump venait en Europe, il se rendrait compte que le pape, sur l'immigration, tient le même langage à tous, Italiens, Allemands, Français ou Hongrois..."
Le chef de l'Eglise catholique se rendra devant la clôture qui sépare le Mexique des Etats-Unis et célébrera la messe à seulement 70 mètres de la frontière.
Quelques heures avant l'événement, il s'est livré à une sévère critique du capitalisme devant des chefs d'entreprises et des représentants syndicaux de Ciudad Juarez, ville industrielle qui fait face à El Paso, côté texan.
"Les flux de capitaux ne peuvent décider des flux de population", a déclaré François, dénonçant "la mentalité dominante qui cherche le profit maximum, immédiat et à n'importe quel prix" ainsi que "l'exploitation des employés considérés comme des objets qu'on jette après usage".
"Les esclavagistes d'aujourd'hui auront des comptes à rendre à Dieu", a-t-il ajouté.
Le pape, qui a entamé sa visite vendredi, quittera le Mexique dans la soirée pour regagner Rome.
(Philip Pullella et Gabriel Stargardter, avec Lizbeth Diaz; Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)