par Denis Dumo
JUBA (Reuters) - Les affrontements de ces derniers jours à Juba entre partisans du président sud-soudanais Salva Kiir et de l'ancien chef rebelle Riek Machar ont fait 272 morts, dont 33 civils, a-t-on appris dimanche de source proche du ministère de la Santé.
Un porte-parole des forces fidèles au second avait fait état la veille de 115 morts - 35 parmi les partisans de Machar et 80 dans les rangs des forces gouvernementales.
Des tirs ont à nouveau été entendus dimanche à Gudele et à Jebel, deux faubourgs de la capitale, aux abords de casernes des forces de Riek Machar, qui est devenu premier vice-président dans le cadre du fragile processus de paix, rapporte un journaliste de Reuters sur place.
"Pendant 30 à 40 minutes, nous avons entendu des tirs d'artillerie lourde en direction du secteur de Jebel", a confirmé un membre du personnel humanitaire.
Les forces loyales au vice-président Machar ont déclaré que la résidence de ce dernier avait été attaquée par les troupes présidentielles.
"La résidence du Dr. Machar a été attaquée à deux reprises aujourd'hui y compris à l'aide de chars et d'hélicoptères de combat", a déclaré le porte-parole du vice-président, ajoutant qu'un calme relatif était revenu à Juba dimanche après plusieurs heures de combats.
Les affrontements, qui ont commencé jeudi, sont les premiers depuis le retour en avril de Riek Machar à Juba, en vertu de l'accord conclu en août qui a mis fin au soulèvement de ses partisans.
Le conflit, alimenté par les tensions entre Nuers et Dinkas, ethnies respectives de Riek Machar et de Salva Kiir, a éclaté en décembre 2013 quant le second a limogé le premier, qui était vice-président. Il a fait plusieurs milliers de morts et deux millions de déplacés.
Les deux hommes, qui se sont entretenus vendredi, ont dit ignorer la cause de cette reprise des violences et ont lancé un appel au calme.
Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu, s'est dit profondément préoccupé vendredi par cette reprise des violences qui, selon lui, "illustre une fois de plus le manque d'implication sérieuse des parties dans le processus de paix".
L'International Crisis Group a invité récemment les chefs d'Etat africains à faire pression sur les anciens belligérants pour qu'ils réaffirment leur attachement à l'accord de paix conclu en août.
"Au cours des neuf mois de cessez-le-feu, les forces en présence ont seulement mis fin aux hostilités mais sont restées face à face. Il n'y pas eu de mesures conjointes pour superviser la sécurité ni d'initiative en faveur de l'unification et de la démobilisation", déplore l'ONG dans un rapport publié en juillet.
(Denis Duma,; Jean-Philippe Lefief pour le service français)