Après l'annonce de la mise en oeuvre de la retenue à la source pour les impôts sur le revenu en 2018, la presse rappelle que l'idée revient régulièrement depuis les années Giscard et d'aucuns évoquent "un serpent de mer", mais reste circonspecte.
Dans La Dépêche du Midi, Jean-Pierre Bedaï souligne qu'avec l'imposition à la source on exhume un "serpent de mer" et souligne que "Jean-Pierre Raffarin qui n’a pas la mémoire courte rappelle que l’idée du prélèvement à la source remonte aux années Giscard." Et de calculer qu'il "aura donc fallu une bonne quarantaine d’années pour qu’elle commence à se traduire en acte."
Dans Paris-Normandie, Stéphane Siret fait chorus: "Maintes fois pourtant, un big bang fiscal fut promis - Jean-Marc Ayrault s’y est d’ailleurs cassé les dents - sans jamais aboutir."
Guillaume Goubert de La Croix, voit au-delà de 2018 et rêve déjà à "une réforme d’une autre ampleur, consistant à fusionner l’IR et la contribution sociale généralisée (CSG)". Ce qui pour lui aurait "un immense mérite. Elle mettrait fin au mythe selon lequel plus de la moitié des Français sont exonérés de prélèvement sur leur revenu. Ce qui est faux. "
"Déjà pour la retenue de l'impôt à la source, on retombe dans nos vieilles lunes (...) C'est assez impressionnant, surréaliste et enfantin.", s'amuse Jean Levallois (La Presse de la Manche), en soulignant que "cette méthode existe ailleurs, depuis longtemps, ce qui prouve qu'elle est bien du domaine du possible."
Bernard Stéphan (La Montagne Centre France) garde son calme. Pour lui, "la retenue directe sur les salaires ne devrait pas être une surprise. La France en effet se distingue, elle est un des rares pays européens, avec la Suisse, à ne pas la pratiquer".
Hervé Favre (La Voix du Nord) reste prudent "instruit par l’expérience, on a donc un peu de mal à croire Michel Sapin lorsqu’il annonce cette fois la marche +irréversible+ vers la retenue à la source !", écrit-il.
Jean-Michel Servant du Midi Libre fait partie du camp des méfiants. Il ne croit pas vraiment à la simplification des paiements. "Derrière ce calcul charitable on devine quand même un tout autre intérêt pour le gouvernement : mieux connaître le patrimoine des salariés qui devront dévoiler leurs déclarations à leurs entreprises. Dès lors, il sera plus aisé pour l’administration de contrôler les abattements, de surveiller les déductions, de débusquer les niches fiscales. Et malheur au petit malin qui tentera de tromper l’État.(...)"
Chez Jean-Francis Pécresse, des Echos, ce n'est plus de la méfiance, au minimum de la défiance. "Le meilleur conseil à donner à ce pouvoir en manque de crédibilité est de laisser cette délicate révolution à son successeur. Monsieur Hollande, ne touchez plus aux impôts !", écrit-il.