PARIS (Reuters) - Il semble que l'auteur de l'attentat au camion frigorifique de Nice, inconnu jusqu'ici des services de renseignement, se soit "radicalisé très rapidement", a déclaré samedi le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Le groupe Etat islamique avait revendiqué quelques heures plus tôt par le biais de son agence de communication Amaq l'attentat commis jeudi soir par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien de 31 ans habitant à Nice, qui a fait 84 morts.
"Nous sommes face à un attentat d'un type nouveau", sans armes lourdes ni explosifs, a dit Bernard Cazeneuve après une série de réunions autour du chef de l'Etat, François Hollande.
"L'individu qui a commis ce crime absolument abject (...) n'était pas connu des services de renseignement", a-t-il ajouté. "Il semble qu'il se soit radicalisé très rapidement. En tous les cas, ce sont les premiers éléments qui apparaissent à travers les témoignages de son entourage."
L'attentat de Nice illustre "l'extrême difficulté" de la lutte anti-terroriste aujourd'hui, a souligné Bernard Cazeneuve.
"Nous sommes désormais confrontés à des individus qui, sensibles au message de Daech, s'engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé au combat (en Syrie ou en Irak), avoir été entraînés" ou disposer de tout un arsenal, a-t-il expliqué.
En septembre 2014, un porte-parole de Daech, Abou Mohamed al Adnani, avait lancé un appel au meurtre d'"infidèles" français, américains ou de pays alliés par tous les moyens.
L'INFLUENCE DE DAECH
"Si vous ne pouvez pas trouver d'engins explosifs ou de munitions, isolez l'Américain infidèle, le Français infidèle ou n'importe lequel de ses alliés", avait-il dit dans un message enregistré. "Ecrasez-lui la tête à coups de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le."
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, aux côtés de Bernard Cazeneuve, a jugé qu'un "esprit fragilisé" comme Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait pu "intégrer cet appel au meurtre".
"Même si Daech n'organise pas, Daech insuffle cet esprit terroriste contre lequel nous combattons", a-t-il expliqué.
Il en a tiré la conclusion qu'il fallait continuer à combattre Daech "là où il est", en France comme à l'extérieur, notamment en Syrie et en Irak.
Il a confirmé que le dispositif Sentinelle serait maintenu à son plus haut niveau en France, avec la mobilisation de 10.000 soldats aux côtés des policiers et des gendarmes.
Le projet de loi prolongeant l'état d'urgence trois mois, mesure annoncée par François Hollande après l'attentat, sera par ailleurs examiné mardi en conseil des ministres, puis, le soir, en séance publique à l'Assemblée nationale et le lendemain au Sénat, a-t-on appris de source parlementaire.
Selon la même source, une minute de silence en mémoire des victimes de Nice sera observée dans tout le pays lundi à midi.
(Emmanuel Jarry, avec Emile Picy.)