LONDRES (Reuters) - Le très populaire maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, fera campagne pour une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin, défiant ainsi le Premier ministre David Cameron.
"Je me battrai pour le vote en faveur d'une sortie (...) parce que je souhaite un meilleur accord pour les habitants de notre pays, afin qu'ils aient plus d'argent et reprennent leur destinée en main", a-t-il dit dimanche, invoquant la défense de la démocratie et de la souveraineté nationale.
"Je ne vois pas comment, moi qui suis préoccupé depuis longtemps par cette question et qui peste depuis longtemps contre le manque de démocratie de l'UE, je pourrai laisser passer cette occasion unique de faire valoir un autre point de vue", a-t-il expliqué aux journalistes massés devant chez lui, dans le nord de Londres.
Selon le maire de la capitale, l'accord trouvé vendredi au Conseil européen de Bruxelles par David Cameron ne modifie pas fondamentalement les relations entre la Grande-Bretagne et l'UE.
Dans la matinée, David Cameron, pour tenter de rallier Boris Johnson à sa position, avait promis un texte sanctuarisant la souveraineté du Parlement britannique. "Nous allons l'élaborer dans les prochains jours (...) afin d'exposer très clairement que le Parlement britannique est souverain", avait déclaré le Premier ministre à la BBC.
Boris Johnson, grand rival de David Cameron, a assuré que sa décision ne participait pas d'une lutte pour le contrôle du Parti conservateur. La décision de s'opposer à la position du Premier ministre a été, a-t-il dit, "terriblement difficile" à prendre.
Rendu public samedi soir, un sondage publié par le Mail on Sunday donne aux partisans du maintien du Royaume-Uni dans l'Union une avance de 15 points sur les défenseurs du Brexit.
Dans cette enquête, la première effectuée depuis l'accord obtenu à Bruxelles par David Cameron pour réformer certains points de fonctionnement de l'UE, les partisans du maintien sont 48% et ceux de la sortie du Royaume-Uni 33%. Dix-neuf pour cent des personnes interrogées sont toujours indécises.
Chahuté dans son propre parti, David Cameron peut compter sur le soutien de la City, des grandes entreprises, d'une bonne partie des travaillistes, des grands syndicats, de ses alliés européens et même des nationalistes écossais.
Les partisans du maintien dans l'UE, notamment les anciens Premiers ministres Tony Blair et John Major, ont d'ailleurs averti qu'un Brexit pourrait pousser les Ecossais à réclamer un nouveau référendum d'autodétermination, avec un risque d'éclatement du Royaume-Uni.
(William James, avec Guy Faulconbridge, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)