PARIS (Reuters) - Les interrogations sur le rythme du resserrement monétaire des grandes banques centrales continuent de favoriser la hausse des taux de marchés et de peser sur les actions, ce qui se traduit par une légère baisse des places boursières européennes vendredi dans la matinée.
La nervosité des investisseurs est alimentée en outre par l'attente de la publication, à 12h30 GMT, du rapport officiel sur l'emploi non-agricole aux Etats-Unis en juin.
À Paris, l'indice CAC 40 recule de 0,41% à 5.131,18 points vers 08h10 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,22% et à Londres, le FTSE perd 0,3%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 0,22%, le FTSEurofirst 300 se replie de 0,35% et le Stoxx 600 recule de 0,32%.
Sur les marchés obligataires, les rendements des emprunts d'Etats européens continuent de progresser, celui du 10 ans allemand évoluant non loin de 0,57%. Le rendement de l'OAT française de même échéance s'affiche à plus de 0,92%, à un plus haut depuis la mi-avril.
La publication mercredi soir du compte rendu ("minutes") de la Fed n'a guère éclairé les investisseurs sur le rythme du resserrement monétaire de la banque centrale pour le second semestre, les responsables de l'institution se montrant divisés sur les perspectives d'inflation.
Dans ce contexte, ce sont surtout les chiffres du salaire horaire moyen, publiés en même temps que ceux sur les créations d'emploi, qui seront surveillés vendredi. Le marché table sur 179.000 créations de postes, un taux de chômage stable à 4,3% et une hausse de 0,3% du salaire horaire moyen.
En Europe, le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) a montré que l'institution était prête à franchir une nouvelle étape dans le processus de désengagement de sa politique d'assouplissement quantitatif avec un possible abandon de l'engagement à augmenter ses achats de titres en cas de besoin.
"Cela pourrait avoir un impact dévastateur sur la liquidité", observe Naeem Aslam, analyste chez ThinkMarkets. "En l'absence d'achats de dette de la part de la banque centrale, les rendements devraient continuer à augmenter", ajoute-t-il.
Sur le marché des changes, l'euro est pratiquement stable, autour de 1,1420 dollar, après avoir grimpé de 0,6% la veille.
Parallèlement, le dollar se renforce face au yen alors que la Banque du Japon (BoJ) a annoncé vendredi son intention d'acheter un montant illimité d'obligations d'Etat et d'augmenter ses achats de titres à cinq et dix ans.
SPÉCULATIONS SUR CENTRICA
En dépit de la remontée des taux, le compartiment des 'utilities' - fortement endetté et donc habituellement pénalisé par la hausse des rendements obligataires - signe la seule progression sectorielle en Europe, porté par le bond de 4,75% de Centrica.
Des traders citent des informations de presse faisant état de multiples marques d'intérêt pour le groupe britannique, qui valoriseraient Centrica jusqu'à 300 pence.
A Paris, Veolia Environnement (PA:VIE) signe la plus forte hausse du CAC 40 (+1,4%).
A l'inverse, Carrefour (PA:CARR) chute de 3,9%, lanterne rouge du CAC et du Stoxx 600, au lendemain de la publication de son chiffre d'affaires trimestriel. Les analystes soulignent que la croissance solide des derniers mois a été assurée par une politique de prix et de promotions préjudiciable aux marges.
Le secteur des médias (-1,08%) est encore sous pression, pénalisés par deux notes défavorables d'Exane BNP Paribas (PA:BNPP) sur les groupes de télévision en Europe et sur les agences publicitaires.
Tout comme ceux de JPMorgan jeudi, les analystes d'Exane BNP Paribas s'inquiètent d'un ralentissement de la croissance de la publicité sur le marché télévisuel européen. L'italien Mediaset chute ainsi de 3,13%.
Exane a par ailleurs dégradé Publicis (PA:PUBP) (-2,03%) et WPP (-2,61%).
Le secteur du pétrole et gaz accuse le plus fort repli en Europe (-0,95%), pénalisé par le net repli des cours du brut après des statistiques montrant une hausse de la production américaine.
Les opérateurs de marché suivront à 17h00 GMT les chiffres hebdomadaires publiés par Baker Hughes sur le nombre de systèmes de forage actifs aux Etats-Unis.
(Blandine Hénault, édité par Marc Angrand)