LONDRES (Reuters) - Les services financiers ne pourront pas figurer dans l'accord de libre-échange que concluront le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) pour organiser leurs relations après le Brexit, a prévenu mardi le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire à l'occasion d'un déplacement à Londres.
Pour Bruno Le Maire, le fait que la Première ministre britannique Theresa May reconnaisse dans son discours vendredi dernier que les établissements britanniques ne pourraient plus bénéficier du passeport financier est "rassurant".
Mais alors que Theresa May a plaidé pour un partenariat "le plus large et le plus approfondi possible", Bruno Le Maire a exclu que les services financiers relèvent d'un accord de libre-échange.
"Nous ne pensons pas que les services financiers puissent relever d'un accord de libre-échange, tout simplement parce que ce ne sont pas des biens", a dit Bruno Le Maire lors d'un discours prononcé en fin de journée à l'institut de relations internationales Chatham House, réitérant une position défendue en début de matinée à l'antenne d'une des chaînes radio de la BBC.
"Je n'exclus pas l'ensemble des services du futur accord de libre-échange, je parle des services financiers", a-t-il dit en insistant sur les questions de supervision et de stabilité qui imposent aux banques européennes "des règles très strictes".
Les services financiers devront selon lui relever du régime de l'équivalence, qui permet aux établissements financiers d'un pays extérieur à l'UE soumis à une législation similaire de conserver son accès au marché unique européen.
"Cette approche fonctionne bien pour d'autres partenaires financiers majeurs, comme les Etats-Unis et le Japon", a souligné Bruno Le Maire en concédant que les accords d'équivalence ne couvrent à l'heure actuelle que 20 à 30% des services financiers.
"Nous devons penser à les étendre, c'est un point de départ", a-t-il dit en se déclarant persuadé que les Européens parviendraient à trouver un "consensus" avec son homologue britannique Philip Hammond.
Concernant les biens, Bruno Le Maire a rappelé que même si les entreprises doivent se préparer et s'adapter dans la perspective du Brexit, les échanges se poursuivront "évidemment" après le divorce entre le Royaume-Uni et l'UE.
Il est dans l'intérêt des deux parties que l'accord commercial post-Brexit entre le Royaume-Uni et l'UE engendre le moins de frictions possibles et se solde par des droits de douanes les plus faibles possibles, voire nuls.
(Elisabeth O'Leary et Leigh Thomas, avec Myriam Rivet à Paris, édité par Yves Clarisse)