PARIS (Reuters) - Le premier secrétaire du Parti socialiste demande une réécriture du projet de loi sur la réforme du travail, dévoilé la semaine dernière et critiqué tant par les syndicats que par une partie de la gauche.
Le projet de loi porté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, confirme la durée légale de 35 heures par semaine. Mais pratiquement tout le reste est ouvert à la négociation d'entreprise ou de branche, y compris la rémunération des heures supplémentaires, voire dans certains cas laissé à la discrétion de l'employeur, en l'absence d'accord.
"C’est un avant-projet qui doit évoluer", déclare Jean-Christophe Cambadélis dans Le Journal du Dimanche. "Nous devons élaborer un nouveau modèle, un nouveau mix entre souplesse et sécurité. Le texte tel qu’il a été soumis au Conseil d’État doit donc être rééquilibré."
Il critique notamment "l’ajout tardif" de l’article 30 bis, qui précise en les élargissant les motifs pouvant justifier des licenciements économiques. "C’est une concession injustifiée au Medef, s’inspirant des législations espagnole ou italienne", déclare le numéro un du PS. "Cet article est à réécrire."
"Finalement, c’est autant l’architecture que le contenu de ce projet de loi qu’il faut revoir", ajoute-t-il. "Il y a une pression idéologique qui veut faire croire que le chômage est dû au Code du travail. Il y a des rigidités mais c’est le carnet de commandes qui fait l’embauche. Ce ne sont pas les mesures qui reviennent sur des droits des salariés qui font l’embauche."
Face à la probable fronde d'une partie des députés de la majorité, Myriam El Khomri n'a pas exclu un recours à l'article 49-3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un projet de loi sans vote, en obligeant les députés hostiles à un texte à faire tomber le gouvernement s'ils maintiennent leur opposition.
Comme les syndicats, les écologistes d'Europe-Ecologie-Les Verts ont pour leur part dénoncé, dans la loi El Khomri, de "nombreuses atteintes aux droits des salariés".
(Emmanuel Jarry)