PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, s'est dit mardi "intéressé" par le poste de délégué général du parti présidentiel, La République en marche (LREM), qui doit être attribué lors d'un Conseil national le 18 novembre à Lyon.
Au sein du gouvernement comme dans les rangs de LREM, plusieurs sources confirment que le député des Alpes-de-Haute-Provence a de bonnes chances d'incarner le visage et la voix du mouvement créé en avril 2016 par Emmanuel Macron.
"Ce n'est pas un secret, Christophe Castaner tient la corde", ont déclaré mardi à Reuters, sous couvert d'anonymat, un ministre et un député LREM. Et ce dernier d'ajouter : "Je n'imagine pas que le processus se fasse sans l'avis du président de la République".
Officiellement, les prétendants au poste de délégué général ont jusqu'au 3 novembre pour déposer leurs candidatures, que le parti rendra publiques trois jours plus tard, en vue du Conseil national - instance composée de parlementaires, de cadres du parti et d'adhérents, à hauteur de 25%.
Mardi sur Public Sénat, Christophe Castaner a clairement avancé ses pions.
"Bien sûr que ça m'intéresse", a-t-il déclaré. "C'est passionnant comme enjeu. Il faut construire un nouveau mouvement politique qui va rassembler le plus grand nombre d'acteurs qui sont engagés dans le mouvement en France".
D'autres membres du gouvernement comme les secrétaires d'Etat Benjamin Griveaux et Julien Denormandie ont été pressentis pour prendre la tête de LREM, parti richement doté depuis ses victoires électorales du printemps, et qui revendique 380.000 adhérents.
UN SEUL CANDIDAT ?
Si Julien Denormandie a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'était pas intéressé, Benjamin Griveaux a été longtemps considéré comme l'un des prétendants les plus sérieux.
Comme Christophe Castaner, c'est un fidèle du président et un ancien membre du Parti socialiste, que tous deux ont abandonné pour vivre l'aventure En Marche !
"Les deux pourraient tout à fait remplir les fonctions de délégué général, ils cochent toutes les cases", a dit à Reuters le député LREM Stanislas Guérini. "Tout le monde est dans un jeu collectif dans cette histoire".
Il aimerait "à titre personnel" qu'un seul candidat soit désigné.
"Je préfère les situations claires. A partir du moment où on a la chance d'avoir une volonté collective, un consensus, je préfère que les choses ne soient pas mises en scène", a-t-il estimé.
Christophe Castaner a reconnu pour sa part que le chef de l'Etat serait consulté avant de désigner "un candidat unique".
"Nous discuterons avec lui et nous prendrons notre décision tous ensemble pour savoir qui, dans les historiques de la République en marche, sera candidat", a-t-il dit.
Le prochain numéro un de LREM aura la lourde tâche de donner du souffle à un parti peu audible, forgé dans l'ombre de son fondateur devenu président de la République. Une jeune formation déterminée à exister différemment des partis traditionnels.
Nommé en juin porte-parole du gouvernement et secrétaire d'Etat en charge des Relations avec le Parlement, Christophe Castaner juge le poste de délégué général de LREM compatible avec une place dans l'équipe d'Edouard Philippe.
"Il n'y a pas d'usage sur cette question. C'est une fonction bénévole, celle de délégué général, et donc, de toute façon, celui ou celle qui en prendra la responsabilité aura d'autres activités", a-t-il déclaré.
Selon un membre du gouvernement, l'imminence d'un remaniement lié à la vie de LREM est tout de même dans l'air.
"C'est le sujet un peu tabou, personne n'en parle, il y en a qui doivent avoir un peu peur", plaisante-t-il.
(Elizabeth Pineau, Cyril Camu et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)