PARIS (Reuters) - Les révélations du député Les Républicains Thierry Solère sur les conditions de détention à la prison de Fleury-Mérogis de Salah Abdeslam, principal suspect des attentats de Paris, suscitent la polémique au sein de la classe politique.
L'élu, qui a pu visionner sur place des images de vidéo-surveillance, a estimé dans le Journal du dimanche que le présumé djihadiste bénéficiait d'un régime privilégié, avec notamment une deuxième cellule individuelle réservée au sport.
Il a communiqué à l'hebdomadaire sa lettre au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, dans laquelle il dénonce l'organisation des conditions de détention de Salah Abdeslam.
Frank Berton, l'avocat du seul membre des commandos du 13 novembre encore en vie, a annoncé mardi que lui et son client allaient porter plainte pour "atteinte à la vie privée".
"Qu’un député de la République profite de son mandat et vienne nous indiquer par voie de presse qu’il a regardé ce garçon derrière les caméras pour regarder comment il se comportait, un peu comme s’il était au zoo de Vincennes, n’a pas manqué de nous indigner", a déclaré le défenseur sur BFM TV.
Mais le président LR du Sénat, Gérard Larcher, s'est insurgé sur Europe 1 contre l'annonce de ce dépôt de plainte, estimant que Thierry Solère avait fait son travail de parlementaire.
DIVISIONS ENTRE RÉPUBLICAINS
Plaidant pour "la nécessité, dans une démocratie, de connaître la situation que l’on fait à un présumé criminel", Gérard Larcher a demandé à Jean-Jacques Urvoas "des explications sur les conditions de détention de Salah Abdeslam."
En revanche, Georges Fenech, président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats, s'est dit "en colère" contre la démarche de son collègue Thierry Solère.
"Je regrette que Thierry Solère, qui est un ami pour lequel j'ai beaucoup de respect, ait pris le risque de faire croire à l'opinion qu'on a un régime hyper-privilégié, cinq étoiles pour Salah Abdeslam. Ce n'est pas vrai du tout", a-t-il dit sur LCI.
Pour Georges Fenech, Salah Abdeslam est dans un secteur isolé "parce que le juge, à juste titre, a ordonné son isolement, pour des raisons de sécurité", un statut qui ne doit pas lui faire perdre ses droits.
"Ce droit, c'est le droit aussi à faire une promenade quand on est détenu (...) et également d'avoir un entretien physique, de pouvoir faire du sport. Il y a une cellule dans laquelle on a installé un rameur, c'est tout", a-t-il estimé.
L'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati avait également estimé qu'il s'agissait d'une stricte application du droit français.
Samia Maktouf, avocate de familles de victimes des attentats du 13 novembre, a dit approuver sur BFM TV ce respect des règles de droit y compris pour un terroriste.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)