PARIS (Reuters) - Les équipementiers aéronautiques français s'attendent à une année "difficile" car ils doivent investir pour préparer la forte montée des cadences de production sans en bénéficier pour l'instant, ont déclaré jeudi des responsables du secteur.
Les fournisseurs suivent un cycle d'activité décalé par rapport aux avionneurs, les nouveaux programmes n'ayant pas encore pris le relais des avions plus anciens dont la production baisse, a expliqué Emmanuel Viellard, responsable des équipementiers du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).
"On a un léger creux alors que nous sommes en phase d'industrialisation, on est donc dans un contexte d'activité un peu moins florissant", a ajouté Emmanuel Viellard, vice-président de l'équipementier Lisi, lors de la conférence de presse annuelle du Gifas.
La dynamique de croissance du secteur aéronautique n'a pas de raison de s'interrompre malgré les tensions géopolitiques ou les risques macroéconomiques, a souligné pour sa part Marwan Lahoud, responsable de la stratégie d'Airbus Group (PA:AIR) et président du Gifas.
Mais la montée des cadences de production de l'A350, le nouveau long-courrier d'Airbus, ne comble pas encore la baisse de celles de l'A330, le plus ancien avion de même catégorie de l'avionneur européen, a indiqué de son côté à des journalistes Bertrand Lucereau, président du comité des PME au sein du Gifas.
Les fortes montées en cadence de production, en particulier dans les monocouloirs comme l'A320 d'Airbus ou le 737 de Boeing (N:BA), seront sensibles chez les équipementiers en 2017, a-t-il également précisé.
"Si on n'est pas prêts en termes de taille, cela va être un peu compliqué. 2016 est un gros tournant pour nous", a ajouté Bertrand Lucereau, président du fournisseur de pièces de rechange aéronautiques Secamic.
La consolidation des équipementiers aéronautiques de rangs 2 et 3 doit s'accélérer fortement pour que ceux-ci accroissent leur taille et amortir le recours désormais systématique des avionneurs aux doubles sources (deux fournisseurs sur chaque équipement), qui réduit l'activité des plus petits fournisseurs, a expliqué Bertrand Lucereau.
Les PME du Gifas, qui emploient en moyenne entre 100 et 120 personnes pour un chiffre d'affaires annuel d'une quinzaine de millions d'euros, n'ont pas les moyens d'installer une partie de leur production dans des pays à faibles coûts, au contraire des établissements de taille intermédiaire (ETI), a-t-il ajouté.
(Cyril Altmeyer et Tim Hepher, édité par Dominique Rodriguez)