par Claude Canellas
PAUILLAC (Gironde) (Reuters) - Tout amateur de vin peut s'improviser vigneron dans le Bordelais, élaborer sa propre cuvée, choisir les cépages, les étiquettes aussi bien que les bouchons.
Ce rêve est désormais accessible grâce à "Viniv", une société implantée dans le hameau de Bages, près de Pauillac dans le Médoc, lequel est adossé au château Lynch-Bages, grand cru classé de Pauillac.
Stephen Bolger, un Franco-Américain natif de New York, y propose de fabriquer son propre vin en choisissant en fonction de son goût, de son projet et de ses moyens les raisins issus de parcelles de vignes situées dans les meilleures appellations du Bordelais (Pauillac, Saint-Emilion, Haut-Médoc, Saint-Estèphe, Entre-deux-mers, Côtes de Castillon, Canon-Fronsac….).
"Nous avons des accords avec des propriétaires sur 13 hectares de parcelles en mono-cépage permettant d'élaborer des vins d'assemblage originaux", explique-t-il.
Pour un prix de 7.350 à 13.500 euros HT la barrique, soit 288 bouteilles, le viticulteur amateur pourra participer à tout ou partie des phases de l'élaboration du vin, de la vendange jusqu'à la mise en bouteille, choisir les terroirs et les cépages (cabernet-sauvignon, merlot, cabernet-franc).
Il pourra concevoir son vin avec les conseils d'un œnologue consultant de plusieurs premiers grands crus et des techniciens de Lynch-Bages, participer à l'assemblage, à la vinification, la mise en bouteille et même à la création de l'étiquette des bouteilles et au choix du bouchon.
DEUX ANS DE TRAVAIL
Depuis la création de Viniv en 2009 sur la base d'un concept importé de Californie, le succès est au rendez-vous.
Les vignerons en herbe viennent du monde entier, soit à titre personnel soit en groupes, voire dans le cadre d'entreprises.
"Il y a 25 pays représentés, dont 45% d'Européens, 35% d'Américains et 20% d'Asiatiques. Environ 80% de la clientèle est composée de particuliers qui se lancent pour apprendre. Les 20% restants, c'est du 'corporate'", précise Stephen Bolger.
L'éloignement fait que souvent les futurs propriétaires d'une cuvée unique délèguent aux techniciens de Viniv tout ou partie du travail complexe qui s'étale sur environ deux ans, en restant en contact permanent s'ils le souhaitent.
L'un des moments-clés de l'aventure que beaucoup de virtuels propriétaires viticoles ne veulent pas manquer est le rassemblement annuel au château Lynch-Bages, chaque année au début du printemps.
C'est l'occasion pour les apprentis vignerons de comparer leurs réalisations, d'évoquer leurs goûts et de finaliser leur assemblage.
"Faut-il plus de cabernet-sauvignon que de merlot, faut-il du cabernet-franc? Selon son désir, le vin sera plus élégant, ou plus tannique, se rapprochera d'un Saint-Emilion ou d'un Graves. Les techniciens sont là pour les conseiller et leur permettre de faire le vin dont ils rêvent", déclare le patron de Viniv.
La méthode semble avoir du bon puisqu'il assure que "65% de la clientèle qui fait un vin dans un millésime y revient pour les deux millésimes suivants".
(Edité par Sophie Louet)